Un mécanicien, qui économise pour acheter à son épouse un lave-linge, se laisse embobiner par un vendeur qui lui refourgue une canne à pêche. Il va cacher cet achat à sa femme, et ce mensonge va en entrainer d'autres.
Poisson d'Avril fait partie de ces comédies des années 1950 qu'on a plaisir à voir, ne serait-ce que pour l'interprétation, l'humour, les dialogues signés ici Michel Audiard, et une mise en scène qui n'hésite pas à multiplier les extérieurs, ce qui n'était pas courant à l'époque. Mais cela repose surtout encore une fois sur la bonhommie de Bourvil, que je trouve merveilleux, même s'il a tendance à jouer sur le même registre du type très gentil, un peu benêt, mais qui se découvre un réel aplomb à mentir. En l'occurrence à son épouse, l'excellente Annie Cordy, parce qu'il prétexte des entretiens en extérieurs alors qu'il va en fait pêcher. On retrouve aussi Pierre Dux et Denise Grey dans l'autre couple avec qui Bourvil va les joindre dans la confidence de son mensonge, qui va devenir de plus en plus gros jusqu'à impliquer des souvenirs imaginaires de la guerre.
Mais Poisson d'Avril reste aujourd'hui dans les mémoires comme le premier film où se rencontrèrent Bourvil et un certain Louis De Funès. Certes, ce dernier n'apparait que cinq minutes, mais il marque les esprits en tant que garde-champêtre qui vient chercher des poux au pêcheur, avec un fort accent espagnol et une moustache, tout en en faisant des caisses.
C'est tout l'esprit de ce film de Gilles Grangier, artisan du cinéma que j'aime de plus en plus, qui est bon enfant, pas vulgaire pour un sou (à part un parbleu), et très attachant.