J'ai eu un moment d'absence, et j'ai voulu regarder un des nouveaux films Pokémon, comme ça, pour voir. Eh ben.
Ce film est symptomatique de plusieurs éléments qu'on retrouve dans tous les films Pokémon.
Déjà, de la crise de renouvellement de Nintendo, qui semble déterminée à se reposer à jamais sur ses acquis commerciaux solides, et qui (en matière de films du moins) n'essaie même pas de créer du neuf avec du vieux, mais plutôt de faire vendre avec du dépassé. Lassant, au bout d'un moment ; et le film lui-même est d'ailleurs assez répétitif ; on a le droit à des flashbacks inutiles, à des combats sans fin avec un changement de stratégie toutes les 5 minutes pour ne pas trop s'ennuyer non plus, etc.
Ensuite, c'est une bonne démonstration que Pokémon, s'il a été pensé comme un projet commercial multimédia, n'est définitivement efficace que sous la forme de jeu vidéo ; je crois que c'est lié à toutes les mécaniques interactives, de progression personnelle, et d'implication que le jeu vidéo permet et que la simple narration (surtout d'une mauvaise histoire) ne permet pas. Mais c'est peut-être également lié à l'abstraction que le jeu vidéo, par son manque de détails, permet. Dans le film, les combats, éléments centraux du jeu qui renferment la majorité de sa richesse de gameplay, ne sont qu'une suite d'explosions qui tantôt forment un cratère dans une montagne, tantôt ne laisse qu'une égratignure aux personnages. Cette incohérence manifeste est absolument permise dans le jeu vidéo, qui fait se dérouler les combats dans un monde "à part" (changement d'interface aidant à cet isolement) du monde dans lequel évolue le héros. Or dans le film, les explosions rasent des forêts et détruisent des immeubles.
En effet, il y a aussi un décalage très mal amené entre un ton dramatique construit à la va-que-j'te-détruise-la-planète, et le ton enfantin de l'univers Pokémon et des personnages (Sacha l'éternel enfant, et l'un des Pokémons souhaitant "rentrer à la maison", réplique que je vois comme un clin d’œil très méta au fait que Pokémon se déroule dans un monde ouvertement enfantin, mais c'est sûrement donner au film des prétentions qu'il n'a pas). Dans les jeux, ce décalage est au contraire bien pensé, et le jeu joue avec le dramatique des situations en les retournant avant qu'elles ne deviennent ridicules, on en les dynamisant par des combats qui impliquent le joueur. Mais là, on passe, du sommet d'un affrontement, à Sacha qui se met au milieu pour dire "allez on est tous amis en vrai".
Nan sérieux, le "méchant" s'obstine à être "méchant", alors on se dit : tiens, ça va peut-être se finir de manière intéressante ? Mais non, il se prend un coup plus fort que les autres sur la gueule, et il devient "gentil". Super.
On peut être exaspéré par le ton trop puéril de Pokémon ; ce n'est pas mon cas. Mais là, je veux dire, ils n'ont même pas essayé de faire quelque chose qui tient debout. Le film m'aurait déçu, si je ne m'étais pas attendu à ce que ce soit... ce qu'il est : une énième manière pour Nintendo de faire fructifier un vieux concept qui a fonctionné.