Une question me taraudait l'esprit : Suis-je devenu trop vieux pour m'extasier sur Pokemon comme je l'étais jadis petit au rythme des combats de cartes dans la cour de récré, de la collection acharnée des pokémons légendaires, de mon rdv systématique devant la télévision à l'heure de la série ou de mes nombreuses heures sur Game Boy Color ?
Et puis, je me rappelais que j'avais encore plutôt apprécié le premier film en le revoyant récemment par pure nostalgie et que même le deuxième avait son petit charme. La réponse étant que non si je plaçais mon esprit dans un état juvénile que j'ai quitté depuis maintenant une bonne quinzaine d'années, me rapprochant inexorablement de l'âge fatidique des 30 ans. Bon après, rien de fou à ces deux premiers films mais on mettra ça sur le compte de mes 28 ans qui empiètent un peu trop sur mon hype de cette série plutôt sympathique si l'on se limite aux deux premières saisons, voire même la troisième. Cette époque où les pokémons avaient de la gueule et n'étaient pas du pur produit mercantiliste sans imagination et spoliant sans vergogne les Digimons. Mais si, vous savez la version high-tech des pokémons qui n'a guère percé et qui me fait me rappeler que je retenterais bien l'aventure car j'avais également bouffé plus d'une fois le film.
Si "Pokemon 2" initiait l'entrée de la deuxième saison avec Lugia, ici on plonge véritablement dedans, bien que la famille Pikachu/Bulbizarre/Dracaufeu/Toképi/Goupix et autres fidèles de nos trois joyeux lurons que sont Sacha, Ondine et Pierre soient encore de la partie. Un clin d'oeil que l'on considérera comme du fan-service pas dégueulasse.
"Pokemon 3" c'est d'abord un scénario bordélique et peu crédible, même pour Pokemon. Des pokémons en forme de pâtes alphabet que l'on tape dans de la soupe Knorr avec la garantie de problèmes rénaux futurs exaucent les voeux d'une petite morveuse bien sympathique en ramenant dans son monde un pokémon légendaire dont on ne sait guère s'il est illusion ou réalité. Et ce pokémon n'est pas le premier chienlit venu car il s'agit d'Entei, l'un des trois fauves légendaires de la deuxième saison. Bien naïf de ma part d'avoir cru les voir tous les trois car seul Entei sera de la partie. Les adorateurs de Raikou et, en ce qui me concerne, de Suicune seront priés d'aller se faire voir royalement chez les grecs. Comme ça on plante bien le décor en déféquant sur la mythologie pokémon. Au moins, on aura les Zarbi si tant est qu'ils n'impressionnent jamais avec leurs cris de pokémon eunuques. Ne parlons même pas d'Entei qui troque ses pouvoirs enflammés pour un assemblage bâtard d'aptitudes bizarres, le tout saupoudrées d'une mielleuse gentillesse à vomir. Il est loin le Entei charismatique et rugissant que je connaissais. Il est encore plus loin le temps du non moins badass Mewtwo.
Dans cette storyline abracadabrante à base de pouvoirs psychiques et de cette thématique gonflante typiquement japonaise de la fatalité de l'orpheline, "Le Sort des Zarbi" énerve. Alors, je les vois venir ceux qui me diront que c'est un dessin animé pour enfants et que tout ce florilège poisseux de bons sentiments dégoulinants ne peut être un défaut. Bien, mais pourtant je pourrais aussi lâcher tout un tas d'anime qui traitaient leur dimension dramatique avec justesse et pudeur sans en faire des tonnes.
Là toutes les 5 minutes, c'est un concerto de grincements de dents, de "papa tu me manques", de "je veux une vraie maman", le tout avec un Entei demeuré et ses "si tel est ton désir", "si tu y crois alors tu le peux" et plus encore en arrière-plan les pâtes alphabet. Dans un premier temps, la maman de Sacha sera enlevée mais n'espérez pas qu'elle sera longtemps hypnotisée. On risquerait d'assombrir un bonbon rose qui engloutit le spectateur sous un tsunami de débilités sentimentales où le logique et abrutissant pouvoir de l'amitié est prépondérant. Ah j'oubliais l'amour des Pokemon qui "sont tous nos amis" quand on ne les balance pas dans une arène à se mettre sur la gueule pour montrer à l'autre qui a le kiki le plus dur.
Je vous l'avais dit que les lignes de Pokemon 3 étaient d'une rare crétinerie auxquelles vous rajouterez incohérences en tout genre et réactions puériles qui feraient ricaner un gosse de 12 ans. Et ne vous attendez pas non plus à des combats un minimum bien fichus comme on a pu les suivre avec un certain amusement dans le 1 et le 2. La bataille entre Entei et Dracaufeu est d'un ennui et d'une redondance qui ne font que casser l'aura de ces fauves (ou plutôt ce fauve vu que les deux autres ont été expédiés dans les latrines de la première salle de pachinko venue) qui me fascinait tant.
Rien à faire, Pokémon 3 est un ratage complet révélateur que les crises d'urticaire peuvent aussi se transmettre à travers l'écran quand le mythe de jadis qui nous a tant fait vibrer est retourné durant 1h13 dans la fange. Je croise les doigts pour le dernier que je visionnerai qui concerne, vous vous en doutez, le retour de Mewtwo dans une suite que l'on espère aussi sombre que le premier.