Au contraire de Disney, la Warner ne sait définitivement pas gérer ses mines d'or. On ne présente plus l'échec du World of Dc et ses frasques grotesques. En parallèle fut annoncé la formation d'un nouvel univers partagé porté sur l'univers des Pokemon, avec Ryan Reynolds en Pikachu pour le lancer. La com ayant principalement joué sur la nostalgie des fans et le capital sympathie de l'interprète de Deadpool, on ne pouvait finalement qu'attendre ce qu'il nous présentait : une histoire d'enquête un poil sombre avec un Pikachu sale gosse et des pokemon à tout va dans une petite comédie d'action qui ne marquera pas grand monde.
C'est ce qu'il fait de tout son long, sans aucune once d'imagination : produit de décennies d'humour, d'action et d'enquêtes mêlés, Pokémon Détective Pikachu, tout paresseux qu'il est, se contente de recycler des blagues éculées, des situations cocasses sont on connaît tous l'issue, de faire tourner ses jolis effets 3D sur un scénario au twist final des plus attendus (pensaient-ils vraiment nous faire croire que Bill Nighy jouerait un jour le gentil d'une histoire fantastique/de science-fiction?).
Visuellement très pauvre (ce ne sont pas ses couleurs diverses gâchées par le timbre d'image bleuté qui vont rattraper la platitude de la réalisation du peu marquant Rob Letterman), sa laideur visuelle (les environnements en 3D finissent par devenir gerbants de répétitivité) n'a d'égal que le bordel ambiant de son écriture, où l'on se forcera à nous ressortir la même morale en carton que tous les films pour gosses dans lesquels il faut trouver la figure paternelle manquante, avec un cameo final représentant finalement la seule surprise de l'entreprise.
Très pauvre en thématiques et en idées, il se contente de faire graviter de jolis Pokemon dans des sous-environnements de Blade Runner en carton, certes techniquement réussi mais d'une pauvreté imaginative désarçonnante. Triste répétition de tout ce qui aura pu être fait dans le genre depuis le chef-d'oeuvre de Ridley Scott, Pokémon Detective Pikachu ne parvient pas à remplir son but premier : rendre ce Pikachu anti-héro attachant et mignon, au point qu'on se rappelle, à chaque fois qu'on le voit, qu'il n'est en fait qu'un amas de CGI trop lisses et réussis pour laisser se transmettre la moindre émotion de son visage à celui du spectateur.
C'est principalement ce qu'il peut laisser en tête en sortie de visionnage : convenu, on le croirait si peu proche du réel qu'il supprime toute volonté de faire rêver, le jeu peu dynamique et démarqué de Justice Smith n'aidant forcément pas à intéresser un spectateur en quête de fraîcheur. Au moment où les blockbusters estivaux se résument à du Disney, du sous-Marvel comme du sous-Michael Bay, l'alternative d'enfin suivre des personnages mignons dans un univers fantasque avait de quoi séduire.
Pour plaire, encore aurait-il fallu que ce premier volet du futur univers étendu soit décemment écrit, réalisé, monté, interprété et photographié. Du niveau d'un Pixels (autre film jouant sur la nostalgie venu de la Columbia), il n'apporte rien d'autre que deux heures d'ennui et de prédiction de révélation, avec le duo forcé pour être attachant malgré les différences de comportement, auquel on ne croit jamais pour deux raisons particulières : Pikachu ne brille que par la voix fatiguée de Deadpool, Smith ne joue jamais comme s'il le vivait.
Plat en tous points, il s'embourbe dans une histoire de complot inutile et incohérente, plaçant sous les projecteurs le personnage absolument lisse de Bill Nighy. C'est en fait la meilleure manière de le résumer : à défaut d'être mauvais, Pokémon Détective Pikachu se place au niveau des blockbusters ratés par son manque de personnalité flagrant. On avait demandé un film, pas un goodies aussi bien fini qu'un jouet de premier prix à Toys"R"Us.