Pokémon, le film
6.2
Pokémon, le film

Long-métrage d'animation de Kunihiko Yuyama et Michael Haigney (1998)

Quand on parle de Pokémon, directement c'est tout un univers qu'on évoque. Et tout de suite, on pense à l'enfance pour la plupart d'entre nous. Ce qui implique que la plupart des gens ne prennent pas la peine d'en distinguer les différents éléments. En effet, même si l'univers Pokémon a sa marque, le film dénote légèrement et il ne faut pas le considérer avec des sentiments un peu vaseux comme la nostalgie ou même la distance due à l'évolution des critères de notation. Pourquoi le film n'est-il pas si simple que ça à cerner ? Certainement à cause du temps et de l'étiquette dont Pokémon n'arrive pas à se détacher.

Le scénario tout d'abord n'est pas si niais qu'on peut l'imaginer ou se souvenir. Une équipe de scientifiques décide de cloner les Pokémons et tout particulièrement la plus rare et le plus puissant d'entre eux: Mew. Le clone devient Mewtwo, encore plus puissant que Mew car génétiquement amélioré. Cependant Mewtwo à sa "naissance" détruit le laboratoire, furieux de ne pas comprendre la raison de son existence et de ne pas comprendre quelle est son identité propre. Il décidé d'asservir le monde en créant une armée de clones... C'est un scénario particulièrement sombre qui dénote clairement avec l'univers gentillet des Pokémons.

La première sensation, contre mon gré, que m'a fait ressentir le film est la nostalgie. Bien que je méprise un peu cet argument qui est de dire que c'est bien parce que c'était bien et qu'on était peu exigeants, je dois reconnaître que le film a fait resurgir mon innocence, snif, snif. En effet, malgré le scénario, certes sombre, on retombe vite et on se surprend à connaître le nom de tous les Pokémons vus à l'écran malgré toutes ces années passées. Mais là n'est pas l'intérêt du film. Si on reste sur ça, on juge la niaiserie de l'oeuvre. Car oui, les dialogues sont vraiment niais. On tombe vite dans le cliché et le vocabulaire n'est pas transcendant mais honnêtement ça se comprend vu le public attendu.

Au delà de cet aspect superficiel que dégage Pokémon, il y a quelque chose d'intéressant à en tirer. Si le film ne brille pas par ses dialogues, il faut reconnaître qu'il en reste tout à fait distrayant. La dimension un peu épique, voire mythique nous entraîne dans cet univers plein d'aventures, des aventures dont les enjeux finissent par nous tenir à coeur, une fois encore, contre notre gré. Mais le film offre avant tout une morale. Oui, sous cette niaiserie, il y a une morale pas si superficielle que ça. On peut voir une critique claire du monde déshumanisé, de l'avidité des hommes, et même du matérialisme. Même si ces concepts sont présentés d'une manière très enfantine, probablement dans un esprit "éducatif" ou au moins pédagogique, ils sont présents au coeur même du scénario, de l'action et des dialogues. Sous ce masque un peu innocent se cachent quelques idées porteuses de sens.

Pour ce qui est de la forme, ici le plus intéressant selon moi, on a malgré tout un animé d'une bonne qualité. Car oui, Pokémon c'est avant tout un animé americano-japonais. Et on retrouve des éléments des deux cultures. On a d'un côté le résultat d'une tradition japonaise remontant à plusieurs siècles avec les rouleaux peints devenus aujourd'hui des animés. Tout un art pictural transmis que l'on retrouve en partie dans Pokémon donc le graphisme n'est pas déplaisant malgré quelques moments bien kitch. Mais franchement, c'est pas le premier ni le dernier animé japonais à être kitch. Pour le côté américain, on notera l'effet commercial de l'oeuvre. Car oui, Pokémon c'est aussi le symbole de la culture commerciale et offensive clairement destinée aux enfants, nouveaux consommateurs. Y a qu'à voir le nombre de produits dérivés, les effets de com ou encore le marketing.

Pokémon le film, c'est donc à la fois un univers un peu perdu qui nous rappelle de bons souvenirs, mais derrière tout ça, il y a bien plus. Le film n'est pas à jeter dans un panier parce qu'il a le label Pokémon, il diffère et se démarque des suites minables qui l'ont suivi (au nombre de 12 pour l'instant...). Il reste un bon animé, tout à fait distrayant et dont la qualité est plutôt bonne. Il est agréable à regarder malgré quelques scènes qui paraissent vraiment désuètes aujourd'hui.
Brikabrok
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le 27 avr. 2011

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