Le sentiment d’absence. Des dialogues « précieuses ridicules », de la banalité des scènes, avec des acteurs dedans comme absents. Faut vraiment aimer Carax, lui qui fait tout pour se démarquer. Le film transgenre à la Léos, peut ennuyer très vite qui n’est pas préparé psychologiquement. Le personnage principal poursuit une inconnue qu’il a vu en rêve. Elle s’avère être réelle, lui qui écrit des livres. Il fait une ridicule chute de moto. Il rencontre la fille de ses rêves sur une route nocturne, dans les bois. S’ensuit la plus longue et ennuyeuse séquence de ces vingt dernières années. Elle parle, parle, et on ne comprend rien, sinon pas grand-chose. Faut aimer Carax. Il y a les échappées belles qui font qu’on ne sera jamais à l’aise devant l’écran. On visite une usine, dedans il ya un orchestre fait de matériaux de récup recyclés, et de guitares électrices saturées. On entend un morceau de musique concrète, ou de bruit orchestré, avec un chef d’orchestre qui semble aussi peu concerné que les acteurs du film. On le sait parce qu’il passe à la télé, et est présenté comme un jeune auteur de romans à la mode. Je parle de Guillaume Depardieu, qu’on a du mal à suivre, et à comprendre, si tenté qu’il y ait à comprendre quelque chose.
Et c’est long.
Deneuve sert de caution ciné-club, elle joue Deneuve, ce qu’elle fait depuis un moment déjà. Guillaume Depardieu n’est pas flamboyant, mais personne ne l’est. La direction d’acteur est très en liberté, et elle peu dérouter. Pour qui aime Carax. On a l’impression que tout est entre deux eaux, sans poids. Lassant quand on n’a pas l’habitude ou l'envie. Et c’est long. Et la durée. On attend. On attend. Le héros qui s’enfuit avec la fille rencontrée au hasard d’un bois. Comme elle a un accent, et qu’elle semble en fuite, on va dire qu’elle est réfugiée ; en abandonnant sa fiancée, sans raison aucune, il fuit avec elle, on veut bien ne pas y croire. Il n’y a pas que la direction d’acteurs qui soit en roue libre...
Le personnage principal marche dans la rue, et a soudain envie de casser les rétros des voitures stationnées à côtés. Une, deux, trois…Un gars s’interpose, il le repousse…On voit dans un terrain vague des gars qui s’entraînent au tir à la carabine sur des mannequins féminins ! Original comme idée. Je cite les scènes qui m’ont marqués, et il faut chercher. L’histoire ne me passionnant pas. Le jeu non plus, le concept encore moins. La mise en scène, tout cela semble confus, confuse, fait exprès, pas exprès, comme parfois chez Carax, et le sentiment de bizarrerie l’emporte sur la poésie. C’est l’insoutenable légèreté de la durée, et la longue agonie du récit. Aucune problématique frontale, seulement des scènes improvisées ça et là, qui donnent l’impression d’être toutes plus ou moins jetées à la face du spectateur, qui ne sait trop quoi en faire. Et surtout très, trop, lent, long. Trop…Carax s’enferme de plus en plus dans son monde, et aura de plus en plus de mal à en sortir. Le film post-moderne à la Léos C. Aucun thème visible, presque abstrait. Je ne mange pas de cette abstraction là. Passer d’une idée, puis à une autre, sans jamais s’attarder, quelques images fortes, et puis on s’en va, comme revenu de tout.
C'est interminable, et la musique de chambre qui surgit à n’importe quel moment pour ajouter la dramatisation. Musique d’autant plus efficace, que la tension dramatique est absente du film. Heureusement qu’elle est là cette musique. Le sujet est en creux, dans le creux, balloté comme le spectateur. Comment filmer Depardieu pendant près de deux heures. Qui fait de la moto, se laisse pousser la barbe, casse un mur à coup de masse. Pour comprendre ce qui se passe à l’écran, il faut lire la jaquette, ou le résumé TV magazine. Le sens de la provoc et la manipulation des codes, Léos s’amuse. Mélo ultra lent, image sale et réaliste, sentiments évacués, maîtrise peut-être ? Difficile de lui disputer sa soi-disant maîtrise, vu qu’il est tout seul assis sur son rocher, et fait quelque chose de très personnel. On peut difficilement classer. Soit on aime, soit on n’aime pas. Trop éloigné de mon logiciel, trop formel élastique. Pas mon genre. Désabusé, il arrive à me désabuser moi aussi. Fantaisiste, très poseur, et une profondeur absente, au profit d’une libre inspiration assez hasardeuse.