Sorti deux ans après French Connection, la distribution française a cru bon d’exploiter le filon avec un titre qui n’a, une nouvelle fois, ni queue ni tête. Mais reconnaissons que la filiation est plutôt juste. Inspiré des exploits d’Eddie Egan, qui joue ici le rôle du lieutenant Scanlon et qui tenait aussi un rôle justement dans French Connection, le résultat se veut un cousin germain du film de William Friedkin mais n’est pas Friedkin qui veut. Pourtant ce Badge 373 comporte tous les ingrédients pour faire un polar urbain. Son ambiance, bien entendu, très seventies, son flic aux méthodes peu orthodoxes, une plongée dans les bas-fonds new-yorkais, une poursuite en voiture et en bus, des fusillades et des personnages globalement au bout du rouleau. Mais pourquoi diable la sauce ne prend-elle pas dans ce polar qui ne manque pourtant pas d’atouts ?
S’il se veut réaliste comme son modèle, le résultat ne se révèle pas aussi efficace. La faute, d’abord, à un montage paresseux qui ne parvient pas à rendre ses séquences d’action tendues et nerveuses. Le clou du film qui met en scène une course-poursuite entre un bus et cinq voitures manque ainsi terriblement de tension. Cependant la première partie se tient bien avec son enquête dans des groupuscules portoricains. Elle est certes un peu confuse mais elle se suit avec intérêt. La deuxième, qui doit être celle de l’action, malheureusement se délite. Robert Duvall est pourtant, comme toujours, parfait dans son rôle de flic sur la touche qui, malgré le danger, veut venger son coéquipier. Mais le film ne sait pas aller à l’essentiel et emprunte des chemins peu crédibles et, surtout, trop lents.
Howard W. Koch n’arrive ainsi jamais à emballer son film. Les antagonistes manquent, en outre, cruellement de charisme, ce qui n’arrange rien. Le chef de bande est une grande gueule qui parle trop pour mener ses affaires avec le cynisme qui s’impose. Et la musique, pas désagréable du tout mais qui sonne très série des années 60, ne cadre pas avec l’atmosphère du film. Mis bout à bout, tous ces petits éléments font de ce polar urbain un ensemble pas à la hauteur de ses ambitions. C’est dommage car la matière était là pour faire bien mieux.