Un polar américain violent et tordu de haute qualité, effectivement l'un des meilleurs des années 80.
"To live and to dire in L.A" met sur un même plan truands notoires et policiers aux méthodes radicales. William Friedkin étant de toute façon maître étalon du genre depuis son fabuleux "French Connection".
Il signe ici un film à l'esthétique pop très léchée, très positionné dans son époque, qui s'amuse à jouer avec les apparences (tout est affaire d'angle de vue). Le contraste entre le soleil écrasant de Californie et les noirs desseins qui se nouent est également saisissant. La musique branchée de Wang Chung,qu'on imagine très bien passer en boucle sur les ondes FM de 1985 donne aussi un bon coup de fouet à l'ensemble. Los Angeles est montrée sous un jour méconnu,tout en terrains vagues,immeubles crasseux et néons menaçants.
Un flic au caractère expéditif et imprévisible,depuis le meurtre à bout portant de son vétéran de coéquipier,traque sans rêlache un faux-monnayeur aux tendances sado-masochistes marquées. La plongée morale et physique s'annonce vertigineuse...
Loin d'être un polar classique,malgré un postulat certes écumé, le film s'autorise des accès de violence incontrôlée, de la nudité sauvage et est en toute conséquence éperdument noir et désespéré. Le cynisme y a également toute sa place,en témoigne un final en forme de boucle
Où les protagonistes précédents sont remplacés par d'autres,occupant exactement les mêmes positions.
Il y aussi quelques séquences remarquables,voire cultes, comme la poursuite automobile sur l'autoroute en sens inverse,ou le générique épileptique. En vilain filandreux au charme vénéneux, Willem Dafoe a de quoi attirer les représentants de la loi corrompus dans son piège (en l'occurence un William Petersen pré-Experts aux allures de cow-boy incontrôlable). On voit aussi à quel point justice et vengeance peuvent être confondus .
Une oeuvre puissante dans son genre, bien que fatalement démodée sur la forme.