Ennemi des flamboyantes 80’s, passe ton chemin.
Il est assez difficile de jouer entièrement le jeu de ce film de Friedkin, tant il suinte de tous ses pores ce que cette décennie a suppuré de plus clinquant : costards à manche retroussées, coiffures improbables, musique en boite à rythme, éclairages au néon font qu’on a a priori du mal à différencier le film d’une série mainstream de l’époque. Ajoutons à cela des personnages dénués au charisme proche d’une endive OGM, et dont les faits d’armes consistent à les braquer en ouvrant des portes ou à sauter par-dessus à peu près tout, parce qu’on a la forme, fauteuils d’aéroport, voitures et portiques… Et une connaissance pour le moins limitée des théories balistiques : lorsqu’elles se font tirer dans la tête, les victimes ont la fâcheuse tendance à recevoir sur le visage un pot de confiture de groseille alors que celui-ci devrait logiquement sortir après l’impact de la balle.
L’intrigue, relativement limitée, n’est pas totalement inintéressante, même si elle s’articule autour de questions (la vengeance, la tête brulée, la complicité entre flics) qui ne fonctionnent pas par manque d’épaisseur des personnages.
Il n’en reste pas moins que la présence d’un véritable cinéaste aux commandes est indéniable. Avec un sens du cadre assez classieux et une façon de filmer la nuit qui rappelle fortement Michael Mann, une amplitude des mouvements et une gestion des courses poursuites nous rappelant que l’homme a conduit French Connection, le film accède à une dimension qui excède très largement le cadre du téléfilm dans lequel il s’illustre.
Ça ne fait pas tout, et l’ensemble reste assez dispensable, avec ce petit goût amer de voir passer à la moulinette d’une mode qui vieillit trop vite un véritable talent de mise en scène.
(6.5/10)