Avec Police Fédérale Los Angeles Friedkin réalisait une non-copie pourtant fort ressemblante de French Connection, polar influent et responsable de sa notoriété. Le film reçut un accueil tiède mais est devenu emblématique du cinéma américain des années 1980 ; deux ans plus tard, L'arme fatale lui fait échos et transforme ses gadgets déjà éculés en cliché sacré, sinon en running-gag (en particulier le coup du flic au bord de la retraite). La source est To Live and Die in Los Angeles, fraîche parution de Gerald Petievich, ancien membre du renseignement américain (plus anecdotique, The Sentinel sera tiré de son dernier roman).
Les manières sont fortes, sophistiquées mais criardes (la musique 'hype' de ce temps-là, composée par Wang Chung), l'esthétique proche de ce qui fera plus tard les grandes heures de Michael Mann (Heat, Miami Vice). La mise en scène est à la fois typique de son époque, influencée par le clip et originale ; le ton froid et énergique de Friedkin exulte, son habituelle pose documentaire s'anime. Le fond est toujours aussi plat, mais l'aversion et les jugements sont moins présents, l'inspection du vice en roue-libre elle aussi ; d'autant plus séduisante qu'elle reste toujours à distance, des intériorités et des brutalités.
On ausculte sans s'impliquer ni se faire éclabousser, en restant mobile. Ce qui se travaille sur la durée n'est pas très important, des enjeux tragiques et minimalistes mènent la barque, emportant des personnages amalgamés et embrouillés. C'est du cinéma d'action 'd'ambiance' ; même Drive sera plus centré, doté d'une continuité narrative plus fournie. Le côté gay est encore plus féroce que dans Freddy 2, les sous-entendus possibles ou directs (dialogues) abondent dans le réel du film (scène au vestiaire, tensions dans les compétitions), les ambiguïtés induites omniprésentes (l'embrassade au théâtre).
Le réalisateur de Cruise/La Chasse ne joue plus les procéduriers de l'underground mais le contemplateur du vice, de la corruption et d'un laxisme moral total qui se devine et s'affirme plus qu'il ne se découvre. Cette attraction sans plongeon (et finalement avec sanction) pour le péché, l'auto-complaisance et le pessimisme repu est distincte de celle observable dans les œuvres de Schrader – lui préfère la confrontation et l'empathie (Hardcore, American Gigolo). Police LA est également comparable à L'année du dragon de Cimino sorti la même année – beaucoup plus bavard, également plein de raffinements vains.
https://zogarok.wordpress.com/2022/06/23/police-federale-los-angeles/