Le duc d'Orléans
"Police Python 357" n'est que le deuxième long-métrage d'Alain Corneau, et sa première incursion dans le genre du polar : encore en quête de son style propre, le réalisateur inscrit son film dans...
Par
le 27 févr. 2018
20 j'aime
9
Second film d'Alain Corneau, révélé au public 2 ans avant par France société anonyme, c'est un polar extrêmement maîtrisé, dont le titre est venu d'un Colt utilisé par la police américaine. Il a une identité typiquement 70's, à tel point qu'on n'en rencontre plus de ce calibre dans le cinéma français d'aujourd'hui, d'autant plus qu'il se situe dans la même lignée que les polars de Melville, Corneau peut prétendre à la succession du maître dans le domaine du film noir à la française. Le soin apporté à la photographie, à la complexité du scénario et au choix d'acteurs permet de tirer un parallèle évident avec les films de Melville, on y retrouve le même ton noir, comme on le retrouvera aussi dans la Menace l'année suivante, ces 2 films marquant un renouveau du genre en France. Autre parallèle : le choix d'utiliser François Périer qui n'est pas étranger à cette impression, il a joué dans 2 des meilleurs films de Melville (le Samouraï et le Cercle rouge).
Corneau filme cette sombre histoire dans la grisaille orléanaise, ce choix s'explique parce qu'il avait passé son enfance à Orléans ; mais au lieu de montrer les beaux aspects de la ville (car elle en a), Corneau situe des scènes au contraire dans des endroits sordides ou craignos, ce qui contribue à renforcer l'aspect pessimiste et tragique de l'intrigue. Une intrigue machiavélique qui tourne autour d'une enquête contre soi-même et un suspense psychologique assez tendu.
Ecrit pour Signoret et Montand, réunis à l'écran pour la quatrième fois, le film donne l'occasion à ce dernier d'endosser un rôle difficile dans lequel il offre sans doute une de ses meilleures prestations ; sa descente aux enfers est pathétique et dramatique, il est pris dans un étau qui se resserre petit à petit et dont l'issue ne peut être que tragique, comme dans tout polar noir. En cela, le film est très proche du réalisme noir et psychologique de certains grands polars des années 50, mais actualisé et ramené aux structures sociales de la France des 70's.
Le personnage de Montand s'identifie totalement à son Colt Python 357 ; la scène du visage vitriolé était très audacieuse en 1976 dans un film français, et la scène finale d'une violence rare pour l'époque. L'autre atout, c'est Signoret en femme paralytique résignée, elle est parfois touchante, de même que François Périer campe un commissaire de police immonde, immoral et veule.
Bref, il n'y a donc pas grand chose qui cloche dans ce polar froid, oppressant et désespéré, peut-être un scénario aux relents invraisemblables et quelques petites longueurs au début, mais ça reste un polar essentiel des années 70.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les Meilleurs films policiers (partie 2), Les meilleurs films des années 1970, Polars français, Les policiers historiques au cinéma et Films en chiffres
Créée
le 21 août 2017
Critique lue 1.8K fois
26 j'aime
14 commentaires
D'autres avis sur Police Python 357
"Police Python 357" n'est que le deuxième long-métrage d'Alain Corneau, et sa première incursion dans le genre du polar : encore en quête de son style propre, le réalisateur inscrit son film dans...
Par
le 27 févr. 2018
20 j'aime
9
La fin des années 70, ce n'est pas ce qu'on a fait de plus beau et de plus photogénique. C'est la fin des Yé-yé, des hippies et des canapés oranges, place au mobilier marronnasse, aux vestes grises...
le 21 mai 2012
18 j'aime
10
Deuxième film d'Alain Corneau et 1er avec Yves Montand qui décida de faire confiance à ce jeune réalisateur comme il l'avait fait auparavant avec Costa Gavras.Et cela se passa très bien puisqu'il...
Par
le 16 oct. 2017
17 j'aime
2
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
123 j'aime
98
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
98 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
95 j'aime
45