Le duc d'Orléans
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Second film d'Alain Corneau, révélé au public 2 ans avant par France société anonyme, c'est un polar extrêmement maîtrisé, dont le titre est venu d'un Colt utilisé par la police américaine. Il a une identité typiquement 70's, à tel point qu'on n'en rencontre plus de ce calibre dans le cinéma français d'aujourd'hui, d'autant plus qu'il se situe dans la même lignée que les polars de Melville, Corneau peut prétendre à la succession du maître dans le domaine du film noir à la française. Le soin apporté à la photographie, à la complexité du scénario et au choix d'acteurs permet de tirer un parallèle évident avec les films de Melville, on y retrouve le même ton noir, comme on le retrouvera aussi dans la Menace l'année suivante, ces 2 films marquant un renouveau du genre en France. Autre parallèle : le choix d'utiliser François Périer qui n'est pas étranger à cette impression, il a joué dans 2 des meilleurs films de Melville (le Samouraï et le Cercle rouge).
Corneau filme cette sombre histoire dans la grisaille orléanaise, ce choix s'explique parce qu'il avait passé son enfance à Orléans ; mais au lieu de montrer les beaux aspects de la ville (car elle en a), Corneau situe des scènes au contraire dans des endroits sordides ou craignos, ce qui contribue à renforcer l'aspect pessimiste et tragique de l'intrigue. Une intrigue machiavélique qui tourne autour d'une enquête contre soi-même et un suspense psychologique assez tendu.
Ecrit pour Signoret et Montand, réunis à l'écran pour la quatrième fois, le film donne l'occasion à ce dernier d'endosser un rôle difficile dans lequel il offre sans doute une de ses meilleures prestations ; sa descente aux enfers est pathétique et dramatique, il est pris dans un étau qui se resserre petit à petit et dont l'issue ne peut être que tragique, comme dans tout polar noir. En cela, le film est très proche du réalisme noir et psychologique de certains grands polars des années 50, mais actualisé et ramené aux structures sociales de la France des 70's.
Le personnage de Montand s'identifie totalement à son Colt Python 357 ; la scène du visage vitriolé était très audacieuse en 1976 dans un film français, et la scène finale d'une violence rare pour l'époque. L'autre atout, c'est Signoret en femme paralytique résignée, elle est parfois touchante, de même que François Périer campe un commissaire de police immonde, immoral et veule.
Bref, il n'y a donc pas grand chose qui cloche dans ce polar froid, oppressant et désespéré, peut-être un scénario aux relents invraisemblables et quelques petites longueurs au début, mais ça reste un polar essentiel des années 70.
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le 21 août 2017
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