Le duc d'Orléans
"Police Python 357" n'est que le deuxième long-métrage d'Alain Corneau, et sa première incursion dans le genre du polar : encore en quête de son style propre, le réalisateur inscrit son film dans...
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le 27 févr. 2018
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"Police Python 357" n'est que le deuxième long-métrage d'Alain Corneau, et sa première incursion dans le genre du polar : encore en quête de son style propre, le réalisateur inscrit son film dans deux filiations assez évidentes.
D'abord Jean-Pierre Melville, auquel Corneau emprunte certains codes, une recherche de l'épure mais aussi le comédien François Périer, présent dans deux films de l'homme au Stetson.
Ensuite "L'inspecteur Harry" de Don Siegel, sorti cinq ans plus tôt : pour le héros Marc Ferrot (comme pour Harry Callahan), enfant de l'assistance publique habitué à se démerder tout seul, son arme constitue le prolongement de lui-même.
Ceci posé, "Police Python 357" est donc un polar marquant mais inégal, qui cumule de nombreuses qualités et de sérieux handicaps.
Pour faire court, les défauts relèvent en premier lieu d'un déficit de vraisemblance, qui pourra s'avérer rédhibitoire pour certains, tant le récit flirte parfois avec le ridicule dans ses péripéties.
Difficile aussi de prendre au sérieux Yves Montand lors de ses entraînements au tir, tant il semble peu à l'aise arme au poing, et pour tout dire, trop vieux pour le rôle : on frôle l'erreur de casting, même si j'adore Montand qui par ailleurs ne démérite pas et parvient à nous faire ressentir les tourments de sa descente aux enfers.
Enfin, on regrettera une phase d'exposition longuette, qui couplée au rythme lent du métrage, pourra également rebuter.
Heureusement, "Police Python 357" ne manque pas d'atouts pour compenser, et parvient à nous embarquer dans son atmosphère tendue - soulignée par la musique angoissante de George Delerue - et sa mécanique destructrice.
Déjà, la mise en scène de Corneau s'avère particulièrement soignée et rigoureuse, souvent lente et posée, mais les montées d'adrénaline n'en sont que plus spectaculaires : la séquence finale sur le parking d'un Carrefour est un modèle du genre (juste dommage qu'elle sorte un peu de nulle part).
D'autre part, la réussite du film tient à l'écriture de ses personnages, bien construits et audacieux pour l'époque : qu'on pense à celui de Simone Signoret, infirme et bouffie, qui partage les turpitudes de son commissaire de mari, aventure extra-conjugale comme homicide...
Dernier point, j'apprécie beaucoup le regard posé par Corneau sur une ville de province en ce milieu des années 70 : à l'image de son travail à venir dans "Série noire", le réalisateur orléanais capte la tristesse de sa ville d'origine, entre la grisaille des rues, la laideur des quais de Loire et la crasse des grands ensembles. Au passage, j'ai apprécié de découvrir à quoi ressemblaient les premiers hypermarchés.
Avec la réussite de "Police Python 357", un cinéaste est né, et Alain Corneau consacrera son début de carrière à creuser ce sillon du polar urbain, avec des titres tels que "La menace" et surtout "Le choix des armes" (toujours avec Montand) ou encore "Série noire", que beaucoup considèrent comme le sommet de sa filmographie.
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le 27 févr. 2018
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