Le duc d'Orléans
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Si Police Python 357 appartient à l'évidence au genre polar assez sombre, il débute cependant par une éclaircie, celle procurée par la présence de la superbe Stefania Sandrelli, dont Yves Montand s'éprend. Sa mort des mains d'un autre amant signe la fin de l'embellie, et surtout, un retour à la solitude affective dont est affecté l'ensemble des personnages principaux, leur humanité se faisant la malle au passage.
Police Python 357, c'est à l'évidence son Yves Montand impérial, que l'on prend plaisir à voir couvrir ses traces et s'empêtrer un peu plus dans le jeu des apparences, ses imprudences et toutes ces coïncidences qui font que tous les indices de l'enquête le désignent comme coupable évident. Le scénario s'étire parfois, certes, parfois aux limites de la vraisemblance, mais le spectateur intrigué baissera sans doute la garde à l'occasion de cet affrontement silencieux entre deux hommes de la boutique, dans lequel prédomine l'instinct de Ferrot et la facette machiavélique de Ganay, son supérieur hiérarchique.
Maîtrisé en tendu, le film arbore une telle identité seventies qu'il en devient un véritable archétype, dont la ville décor, Orléans, est photographiée dans ses aspects les moins flatteurs, image peu reluisante d'une ville de province grise et triste où il y a toujours quelqu'un, finalement, pour vous épier et vous reconnaître.
L'atmosphère étouffante, elle, est magnifiquement entretenue, tandis que le metteur en scène dessine un personnage rugueux dont l'arme (et les balles qui vont avec, comme en témoigne la scène inaugurale) est vécue comme un véritable prolongement de lui-même de nature hautement phallique. S'inscrivant dans une déchéance tant psychologique que physique assez crue pour l'époque, Yves Montand se montre de plus en plus broyé, perdant pied peu à peu, acculé par tous les éléments de l'investigation qui l'accable, s'inscrivant dans une fuite en avant en forme d'impasse.
De la même manière, ne pas signaler la composition de soutien de Simone Signoret relèverait de la faute de goût, tant son personnage demeure le plus tragique d'une oeuvre jouant constamment sur la psychologie contrariée de ses figures de proue.
Si la sobriété de l'ensemble fait parfois penser à du Melville, Police Python 357 constitue surtout l'éclosion d'un cinéaste emblématique, Alain Corneau semant les graines de ses deux opus suivants : La Menace et Série Noire. Un essai en forme de réussite.
Behind_the_Mask, qui bourre lui-même ses cartouches
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Créée
le 6 nov. 2018
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