Le visionnage de Polisse amène beaucoup de questionnements. Le premier, et c'est celui qui m'a le plus préoccupé durant les 2h de durée (en réalité 3 - j'y reviendrai) du film, c'est pourquoi les bobos ascendants hipsters nous ont autant bassinés avec ce film, et surtout avec le césar de Joeystarr (qu'il n'a pas eu) ? Comprenez bien que je n'ai rien contre elles, la plupart (en réalité celles qui ne portent pas de trop grosses lunettes) sont séduisantes et souvent intéressantes, mais il faut reconnaitre qu'elles n'ont aucun goût quand il s'agit de divertissement numérique.
Car, il faut l'admettre, les deux heures de Polisse sont ignobles. Il est impossible de regarder Polisse d'une traite, ne me faites pas croire que vous avez réussi, je ne vous croirai pas (dormir, c'est tricher). J'ai du m'y reprendre à plusieurs fois, en fait j'ai mis 3h pour regarder un film qui en dure 2. Premièrement, parce qu'il est interminable, deuxièmement parce qu'il n'y a ni liant, ni trame, ni accroche, et dernièrement parce qu'il n'est ni séduisant, ni intéressant.
Le premier visionnage est un calvaire, et je n'ose même pas penser à un second, encore une fois, il est impossible de regarder Polisse plus d'une fois. Je ne vois pas comment il peut être humainement envisageable de regarder plusieurs fois un film aussi décousu. Le film est en réalité une succession de micro-intrigues de 5 minutes qui ne sont ni développées, ni intrigantes, ni bien emmenées, avec en fond Maiwenn trop contente de réaliser son fantasme d'adolescente : rouler des pelles à Joystarr.
Car c'est bien lui la star du film. Le problème c'est que jamais on ne croit en Fred, tout ce qu'on voit pendant 2h, c'est Joey starr qui s'amuse sur grand écran. S'il mérite un oscar, c'est pour s'être laissé pousser la tignasse pour avoir un semblant de coupe disco, rien d'autre.
Tout bien réfléchi, le plus gros problème de Polisse, c'est qu'il n'y a ni fond, ni forme. Il n'y a pas de scénario, et on ne peut même pas se raccrocher au visuel car tout est simplement moche et vide. La seule extravagance que s'est permis Maiwenn étant la scène finale, scène totalement ratée et hors de propos. Lorsque je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé au final du Parrain. Dans celui-ci, le parallèle entre les meurtres et le baptême est lourd de sens, dans Polisse, le parallèle entre un suicide et un cours de gymnastique n'en a aucun, en plus d'être assez mal amené. Non, le parallèle n'a aucune valeur symbolique, aucun vrai sens, il n'appelle à aucune réflexion, il ne renvoie à rien et il ne prend même pas la peine de flatter la rétine. Il ne sert absolument à rien si ce n'est de dire "c'est la fin".
C'est à priori ce qui fait la différence entre les bons et les mauvais films.