J'adore voir de bons films français, Polisse n'en est pas un

Tout d'abord, les points positifs : les acteurs sont bons, de manière globale. Même Joey Starr pour qui j'ai une grande aversion a réussi à me surprendre en jouant dans un registre tragique qui, je dois l'avouer, lui va plutôt bien (si on met de côté le fait qu'il embrasse à plusieurs reprise la joue d'un enfant pour le consoler et que cette scène, dans le contexte du film, m'a un peu dérangée. Enfin, c'est peut-être juste moi).

Maintenant passons aux nombreux points négatifs : Une chose que je me suis dit après seulement quelques dizaines de minutes de film "Est-ce que ces dialogues ont été écrits par un boucher ??", l'image que j'ai eu en tête en voyant les personnages parler (ou plutôt beugler mais je reviendrai là-dessus plus tard) est celle d'un bœuf bourguignon. Pourquoi me direz-vous ? Simplement parce que ce plat, visuellement ou gustativement m'évoque quelque chose de gros, gras, servi par une dame avec une dent en moins, un bouton sur le nez et qui te postillonne dessus dans un patois agressif, en somme, une métaphore (un peu perchée peut-être) des dialogues de ce film. Parce qu'en effet, notre belle langue française est bien loin d'être représentée à sa juste valeur ici. J'ai pris ce film comme une agression auditive, plutôt ironique quand on voit le thème que traite ce dernier.
Les personnages abusent tellement de l'intégralité des insultes possibles et imaginables que même le sergent Hartman de Full Metal Jacket en serait surpris.
Pour continuer sur le scripte, il faut dire que la personne qui a été chargée de l'écrire devait être en sacré manque d'inspiration (petit exemple histoire d'illustrer mon propos).

> "Qu'est-ce que c'est tes lunettes ?"
> - C'est des lunettes "

Et bien merci pour ce moment plein de poésie !

Passons à présent sur les incohérences du film. Premièrement, une scène dans laquelle on voit des enfants qui ont été réveillés en plein milieu de la nuit et arrachés à leurs parents pour être placés en foyer s'amuser dans un bus avec les flics responsables de tout ça. Alors j'ai jamais vécu ce genre de situations et c'est peu probable que ça m'arrive mais bon admettons que ce soit le cas, il y a peu de chances pour que 10 minutes plus tard je sois en train de m'amuser à sautiller partout.
Deuxièmement, un ambulancier qui prend touuut son temps pour expliquer à la gentille policière qu'il faut amener un bébé à l'hôpital le plus vite possible parce qu'il est quand même dans un état critique.
Troisièmement, l'histoire avec le groupe de "mendiants" (qui sont plus des pickpocket braqueurs que des mendiants) vraiment concon à arriver en groupe de 15 et pour l'un d'entre eux à prendre son propre fils en otage contre toute une ribambelle de flics en couverture dans une grande surface...peu crédible dans la vraie vie étant donné le budget qu'à la police française et les explications qu'il faut donner à tous les employés remplacés par des flics (dans ce cas là, faites-vous passer pour de simples clients).
Sans passer sur l'utilisation d'un girophare par M. Joey Starr (j'ai déjà dis à quel point je l'appréciait ?) pour aucune autre raison que celle d'impressionner une photographe avec qui il a de toute façon déjà couché. Alléluia, on a pas eu à subir ce passage ci, les bruits de respirations dignes d'un buffle de la part de Joey juste avant l'acte n'annonçaient rien de bon.

On enchaîne les clichés, entre l'ado fugueuse gothique, la banlieusarde qui nous invite cordialement à "niquer nos mères sur le Coran" et la jeune fille prête à sucer pour récupérer son téléphone...
Également une belle image de la police française, exclusivement constituée de gueulards énervés qui apparemment ont bien du mal à manger correctement et se moquent ouvertement de certaines victimes qui viennent témoigner (même si la bêtise de certains tend à nous faire nous demander si la présence d'un cerveau est obligatoire pour vivre).

Pour résumer rapidement cette critique déjà bien assez longue : à chaque nouvelle affaire traitée par la police, soit on a un début d'affaire sans suite soit on a carrément pas le début mais bon comme y'a pas de suite non plus c'est pas si grave (après tout un bébé mort né d'une mère de 15 ans violée c'est pas la peine de s'y attarder), trop de personnages principaux donc aucune histoire personnelle n'est approfondie, on sait seulement 2 choses : tout le monde trompe sa femme/son mari et tout le monde se fout sur la gueule pendant 2 longues heures. Je n'évoquerai pas la manière de filmer puisque c'est principalement du champ, contre-champ banal.
Alors c'est louable de faire un film sur le quotidien de la police, c'est juste dommage que ce soit fait de cette façon.

Pour finir sur une note semi-positive : J'ai bien aimé le parallèle de fin entre l'enfant dont on a abusé mais qui se relève et remporte sa compétition et le suicide de la policière qui, elle, n'a pas été capable de surmonter son épreuve (quelle qu'elle soit parce qu'on ne sait pas vraiment pourquoi elle le fait... Travail trop difficile à endurer qui a aboutit à une dépression quelque peu sous-jacente mais pas exploitée à l'écran ? Ses problèmes d'anorexie ? On ne sait pas.

Cette critique ayant été écrite à chaud (et initialement pas vraiment pour être lue mais plutôt parce que j'avais envie de mettre des mots sur mon ressenti) veuillez excuser tout caractère outrageux pouvant heurter la sensibilité de quiconque, notamment envers les personnes exerçant la profession de boucher.

leo-b
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le 23 avr. 2018

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