La frontière entre l'amour et la pédophilie

Rares sont les films français à avoir déchaîné les passions dans les années 2010. En tout cas, dans le bon sens. Polisse en fait parti, je m'en souviens encore, tout le monde disait que c'était génial, qu'il fallait absolument le voir, mais bon, à l'époque, j'avais douze ans, j'étais encore qu'un innocent gamin un peu décervelé, et du coup, c'était un film à voir, mais pour plus tard.

Le plus tard fût oublié, car Polisse était complètement sorti de ma tête, jusqu'à ce que ce bon LinkstheSun décide de faire une émission sur ce film. Hors de question de voir la vidéo, sans avoir vu le film, regarder Polisse s'avérait donc nécessaire, et ce, le plus tôt possible.

Et que vaut Polisse du coup ? Bah c'est un des meilleurs films français que j'ai pu voir. Pas le meilleur, mais assurément un des meilleurs. Je viens de me poser la question en écrivant la critique en fait. Quand je suis sorti de Polisse je ne pensais qu'à une chose, c'est la claque je me m'étais pris en pleine face. C'est même pas une claque, c'est un uppercut.

En fait, je craignais l'ennuie avec Polisse, car c'est presque un documentaire tellement il prend un parti pris réaliste, on enchaîne les cas de pédophilie, les disputes, etc... Une seule chose pouvait empêcher l'ennuie : les dialogues, et les acteurs (bon ça fait deux en fait).

Le truc, c'est que je m'attendais pas à ce que Joey Starr joue si bien, je le connaissais en tant que personnalité qui fout des claques à ceux qui l'emmerde, mais pas en tant qu'acteur ou rappeur. Et quelle fût la surprise. Après, c'est un rôle fait pour lui, c'est un mec avec un fort caractère, parfois brusque, mais qui cache une certaine douceur. Et dans ce rôle, il est d'une justesse à tomber par terre. Capable de passer d'une colère terrifiante à une tristesse déstabilisante.

Mais y a pas que Joey Starr qui joue comme un dieu, tout le monde est excellent dans ce film. Il n'y a pas vraiment d'acteur au dessus des autres, pareil pour les personnages, ils sont tous aussi importants les uns que les autres. Ce n'est pas un personnage en particulier qu'on suit, mais un véritable groupe, des flics de la BPM. Y a un véritable sentiment de groupe durant tout le film, et c'est ce qui en fait sa véritable force. Le seul soucis que j'aurai, c'est que j'ai eu beaucoup de mal à retenir le nom des personnages, car à part celui de Starr (Fred), je n'ai retenu aucun prénom, et du coup, dans ma tête c'était : « tiens Karin Viard pète un câble, mais le nom de son personnage... prout ». Il n'empêche que j'ai apprécié tous les personnages qui étaient tous très bien écrits, et très bien interprétés.

Quant aux dialogues, ils sont certes, très banales, très terre à terre, mais toujours justes et touchants. Les discussions sur l'amour, sur la politique, tout sonne vrai et on entre dans le débat comme si on était membre du groupe, et c''était le but du film je pense.

Et là encore, un coup de génie de la part de Maïwenn, c'est l'incrustation d'un personnage extérieur au groupe (incarné par elle-même), et qui prend des photos et qui est en quelque sorte, spectateur des actions de la BPM. C'est tout con comme personnage et elle a aussi droit à un traitement de personnage très bon, mais justement, ça facilite l'immersion du spectateur parce qu'il est aussi étranger au groupe que le personnage de Maïwenn. Et plus le film avance, plus elle est intégrée, et le spectateur aussi.

Concernant les cas d'enfants maltraités, ils sont variés, très bien abordés et j'ai entendu dire que chaque cas avait réellement eu lieu. Chaque cas est étudié de façon distincte et permet de saisir à chaque fois la complexité des personnages et le drame que vivent les mineurs. Bref, le film aborde ces sujets difficiles avec des pincettes, mais le fait avec justesse, simplicité, et le spectateur est touché en plein cœur. Quel soulagement quand on apprend qu'un bébé qu'on a vu tombé est sortie du coma, et quelle horreur quand on découvre qu'un bébé né d'un viol est mort en couche.

Enfin voilà, j'ai trouvé Polisse incroyablement puissant de par sa simplicité, et surtout sa sincérité. C'est fait avec passion, avec conviction, par des gens qui se sentent concernés par ce que vivent ces jeunes au quotidien. Bref, une petite pépite tout simplement.