Au delà du jeu de mot sur le virement de bord de l'ami Joey, on peut trouver à Polisse le genre de défaut pour lesquels on te dit que t'es un gros relou de rabat-joie. Le genre de défauts difficilement discernables mais qui donne ce ton un peu énervant au film. Alors pour nuancer de suite, tout le film n'est pas énervant, il est trop long, ce qui donne une impression de film en vague, de bons moments, des passages calmes (trop, et trop longs), et des scènes racoleuses qui sont là pour boucher. Disons le clairement, en 1h30 l'affaire était entendue, or, plutôt qu'un geste uni et précis, Maïwenn préfère s'éparpiller dans des dizaines de petites considérations inintéressantes, si bien sur la vie privée des protagonistes, que sur la variété trop exposée de leurs missions. C'est peut être ça finalement le défaut, ce manque de concision qui, en voulant parler de tout, ne stigmatiser personne, finit par casser le rythme et ne plus casser la baraque.
Puis le film à des idées étranges, difficilement qualifiables de bonnes ou mauvaises initiatives. Par exemple, le fait de ne voir aucune conclusion des affaires traitées, comme si plus que la fin, comptait davantage le chemin, l'action menée. C'est vrai que c'est peut être aussi le moyen de cacher éventuellement des réalités fâcheuses sur l'inefficacité du service, ou à l'inverse, tomber dans la divine providence, effet Abbé Pierre certifié. Quelques bons passages, surtout ceux qui sont drôles finalement, parce qu'ils sont ( ou du moins, font) vrais même quand ils sont crus. Pas étranger à cela, la prestation éblouissante de Joey Starr, le voir à un tel niveau me fait personnellement plaisir car c'est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup d'admiration n'en déplaise à ma grand mère. Le Jaguar n'a pas laissé la place à Tigrou mais montre une vraie maturité, de l'acteur et de l'homme. Il occupe pleinement l'écran et fait contraste avec le reste du casting complètement fade à côté, inexistant. Joey lui, est bel et bien encore là (prêt à foutre le souk et tout le monde est cor-da...)
La relation qui s'établit dans le film, entre lui et sa femme à la ville (Maïwenn pour ceux qui sont à la masse), je ne sais pas si elle a quelque vérité autobiographique, mais est le parfait exemple d'une vérité absolue du film. Celui d'avoir voulu imprégner les différents acteurs de cette histoire. Les membres de la famille des acteurs ont l'air d'être réellement de la famille en général car il y a de la ressemblance de tous les côtés : famille de Maïwenn, fille de Karin Viard... On sent que la jeune réalisatrice a voulu qu'ils se donnent eux, l'homme, la femme et non l'habituel acteur. Je pense que pour chacun Polisse a été un film spécial, une aventure humaine réelle. C'est pourquoi il faut garder ses réserves quand au faux réalisme parfois agaçant car surfait, qui apparaît ici comme un peu plus vrai, ou alors si j'ai tout faux, disons un peu plus élaboré, masqué.
Alors si Polisse a certainement été une expérience pour ses acteurs et sa réalisatrice, il est dommage qu'il le soit moins pour le public, car sous ses airs de cinéma engagé, Polisse est un film choc qui ne choque pas. Polisse est trop lisse et policé, l'orthophoniste approuvera.