Rencontres d'un autre type.
Né des cendres d'un projet avorté de Spielberg (dont une partie donnera également naissance à "E.T."), "Poltergeist" est le parfait exemple de ce que seront, peu après, les mythiques productions Amblin. Confié à Tobe Hooper par un Spielberg trop occupé sur "E.T." (mais dont la supposée omniprésence sur le plateau donnera lieu à une controverse sur la véritable paternité du film), le produit fini transpire de toute part le cinéma spielbergien, même si la contribution importante du réalisateur de "Massacre à la tronçonneuse" ne peut être en aucun cas contestée. Part sombre d'un cinéaste (ici producteur) vite catalogué comme faiseur naïf, "Poltergeist" est un pur chef-d'oeuvre (oui, oui), merveille de dramaturgie mêlant avec maestria sens du merveilleux, émotion (l'esprit de la fillette traversant le corps de sa mère), critique de l'american way of life (la banlieue proprette construite sur un cimetière; le mal entrant dans le monde physique par le biais de téléviseurs omniprésents) et purs frissons (les cris de la gamine prisonnière sont foutrement éprouvants pour les nerfs), prenant le temps de poser son décors et ses personnages (on s'attache réellement à la famille) ainsi que son ambiance allant crescendo dans l'épouvante (sans grande effusion de sang, hormis le temps d'une hallucination) jusqu'à un final apocalyptique, le tout servi par des effets spéciaux toujours efficaces et par des comédiens d'une belle implication. Une des plus grandes réussites du cinéma populaire des années 80, dont l'aura mystérieuse fut renforcée par une série de tristes incidents qui frappèrent une partie de l'équipe du film.