"Ce sont dans les vieux films d'horreur, qu'on fait les meilleurs remakes" selon le proverbe très à la mode dans les studios hollywoodiens en manque d'idées originales, après avoir inondé les écrans de remakes insipides d'Halloween, Evil Dead, Carrie, Maniac, Massacre à la tronçonneuse (déjà de Tobe Hooper) entre autres. C'est un autre classique qui va être mis à mal, en l’occurrence Poltergeist, un classique du film d'épouvante des années 80. Le film reprend la même trame, tout en modifiant quelques aspects scénaristiques, sans que cela influe sur les événements.
En trente ans, le visage des Etats-Unis a bien changé. Dans le film original, on retrouvait une famille s'installant dans une maison en banlieue, symbole de la réussite sociale, après que le mari ait obtenu une belle promotion. Ici, c'est tout le contraire, la crise a fait des dégâts, la banlieue est à l'abandon, ses rues sont aussi vides que délabrées. C'est dans ce contexte économique difficile, que la famille Bowen, se retrouve à occuper une immense maison proche de lignes à haute tension. Eric Bowen (Sam Rockwell) est au chômage, il oublie sa situation dans l'alcool et sa femme Amy (Rosemarie DeWitt), au foyer et auteure en plein processus créatif. Comme toute famille modèle américaine, ils ont des enfants, au nombre de trois. Kendra (Saxon Sharbino) est l’aînée, en pleine crise d'adolescence, le nez rivé sur son portable, ordinateur ou téléviseur, tout en faisant preuve d'insolence et d'égoïsme. Griffin (Kyle Catlett) est le seul garçon, peureux de tout, il reste constamment dans les jambes de sa mère. Enfin, il y a Madison (Kennedi Clements), la petite dernière, celle qui répète les gros mots qu'elle entend et discute avec un ami imaginaire, mais pas tant que ça.
La mise en place se fait rapidement, on ne perd pas de temps, surtout que le spectateur est censé connaitre l'histoire, tant le film a été pillé ou parodié. En dehors de cela, on se retrouve plus dans un film proche du nanar, mais grâce à la débauche d'effets spéciaux réussis, ne sera finalement qu'un échec de plus dans le genre épouvante, venant s'ajouter aux Ouija, The Pyramid ou Annabelle, des œuvres originales, mais navrantes. Poltergeist ne relève pas la niveau, malgré un casting intéressant, avec Sam Rockwell qui déçoit rarement. Sans sa présence, sa nonchalance et son ironie, le film aurait été un long calvaire dès le début. Son personnage n'est pas des plus sympathique, mais il semble en roue libre et s'amuse à se moquer de tout le monde, au point qu'on a l'impression, qu'il ne croit pas vraiment au projet et si c'est le cas, on le comprend en sortant de la séance. La petite Kennedi Clements est toute mignonne, elle joue bien de sa bonne bouille et amuse la galerie, lorsqu'elle balance un gros mot avec son immense sourire, mais tout s'effondre, dès que cela devient plus sérieux, avec l'apparition des esprits frappeurs. Enfin, sérieux, c'est un bien grand mot, tant il est difficile d'accrocher à un film ou les jump scares sont inefficaces.
Le film ne fait jamais peur, c'est surement pour cela qu'il sort en période estivale, pour mettre à profit la climatisation, comme seul moyen de donner des frissons. Ce remake du film de Steven Spielberg, euh pardon de Tobe Hooper, donne juste l'envie de revoir la version originale et d'oublier celui-ci. Comme souvent, la bande-annonce dévoile la plupart des "grands" moments du film, c'est dire à quel point on ne sera jamais surpris, au point d'attendre impatiemment le clap de fin, pour mettre un terme à ce moment gênant. Le film tente de se démarquer, en modifiant le rôle de chacun, en donnant le beau rôle aux enfants. Le peureux Kyle Catlett se retrouve être le véritable héros de l'histoire, mais avant cela il faut supporter ses moments de fragilité. Il faut avouer qu'il n'est pas aidé, en héritant de la chambre se trouvant sous le toit, avec un velux où les branches d'un arbre immense se font menaçants, dès que la nuit tombe. Ses parents sont un peu sadiques, non ?
Il est difficile d'être en empathie pour des personnages plutôt pénibles, à l'image de Saxon Sharbino, en caricature de l'adolescente insolente et qui agace facilement dans son pseudo jeu d'actrice. Rosemarie DeWitt est bien fade, elle est totalement éclipsée par Sam Rockwell, confirmant qu'il est le plus intéressant de tous. Jusqu'à ce que Jared Harris débarque, pour redonner un léger coup de fouet, pour nous sortir de notre torpeur, en clone de Max Von Sydow dans l'Exorciste. Il balance deux/trois réflexions prêtant à sourire, mais cette lueur d'espoir n'aura pas de suite et on replonge dans le confort de nos fauteuils . Décidément, rien ni personne ne va sauver le film du naufrage.
Le réalisateur Gil Kenan n'est pas à la hauteur du projet. Malgré la présence de Sam Raimi à la production, l'impression d'être devant un produit surfant sur l'aura de la version originale est grande, d'autant que la 3D utilisée pour attirer le spectateur dans les salles, est ici sans intérêt. Il est difficile de ne pas rire devant le ridicule des situations ou des dialogues, au point de répondre à la question de Rosemarie DeWitt : Who you gonna call? On a envie de répondre : Ghostbusters! C'est impossible de prendre ce remake au sérieux. Le clown ne fera peur qu'aux personnes atteintes de coulrophobie et on attend toujours le digne successeur de Ça.
Pour être dans l'air du temps, on a ce moment improbable ou Boyd (Nicholas Braun) demande à Kyle Catlett, si sa sœur a vraiment disparu, ou si c'est une tentative pour se faire de l'argent et d'avoir sa télé-réalité, car son père est au chômage....Mais il y a tout moment de la positivité dans ce marasme, avec le père qui va vider sa bouteille de whisky, après avoir vécu un moment éprouvant, comme quoi croiser la route d'un poltergeist, a aussi de bonnes conséquences. On pourra aussi apprécier le monde souterrain, particulièrement réussi visuellement, il fallait bien ça pour justifier un budget de 62M$. C'était vraiment pour trouver des qualités à un film, qui n'en contient pas trop.
Poltergeist est un remake de plus, à agrafer au tableau du déshonneur des studios hollywoodiens. Autant revoir la version de 1982, même si les effets sont devenus kitsch. Elle reste en tous points supérieure à ce navet, qui vous fera perdre 1h34 de vos précieuses vies.