Considéré à raison comme le pape du cinéma trash le provocant John Waters sort en 1981 Polyester, comédie connue pour son interactivité olfactive pour le moins ludique et étonnante. Avec le procédé Odorama et ses 10 pastilles surprises le cinéaste éveille donc un nouveau sens chez le spectateur, à savoir l'odorat.
Après une poignée de films délibérément underground voire irrécupérables ( notamment l'extrême et sordide Pink Flamingos ou encore le foutraque et très bavard Multiple Maniacs, sortis à l'aube des années 70 ) s'inscrivant de plein fouet au coeur de la contre-culture américaine John Waters signe avec Polyester un film plus classique dans sa forme et dans son contenu, plus sage et consensuel également... Davantage plaisant et digeste que les films sus-cités Polyester laisse une nouvelle fois le soin à Divine d'occuper le devant de la scène. Si l'on excepte quelques émanations un brin agressives et l'éternel mauvais goût tant cher à John Waters ( vulgarité et obscénité, humour graveleux, personnages limites...) Polyester semble finalement loin des outrances d'un Pink Flamingos ou d'un Desperate Living.
Proche de la comédie de moeurs Polyester offre à Divine un rôle de femme au foyer particulièrement attachant et sympathique. Tirant à boulets rouges sur les valeurs familiales américaines le film évoque avec attendrissement toute l'esthétique du sitcom télévisuel sans tomber dans l'écueil du formatage. Colorée, pittoresque cette balade enjouée mais non dépourvue de style et d'audaces jouit également de la très bonne bande originale composée par le regretté Michael Kamen, notamment l'excellente chanson du générique d'ouverture...
A la manière des représentations théâtrales simultanées aux projections du Rocky Horror Picture Show ce film de John Waters se doit d'être vu en salles pour mieux vivre l'expérience proposée. Un très bon moment en perspective.