Pompoko
7.2
Pompoko

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (1994)

"Le vent se lève, il faut tenter de vivre"

♫ Tanuki-san, Tanuki-san, asabo janai ka ?
♪ Ima gohan no massaichu.
♫ Okazu wa nani ?
♪ Umeboshi koko
♫ Hito kire choudai ?
♪ Ara anta chotto ga tsukine !

- Tanuki-san, Tanuki-san, veux-tu jouer avec moi ?
- Attend, je suis en train de manger !
- Qu'est-ce que tu manges ?
- Une prune séchée !
- Tu m'en donne un morceau ?
- Ah, tu es un sacré gourmand !

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• AVANT-PROPOS •
- C'est mon Top 1
- La critique contient un peu de spoiler
- Le rythme est relativement lent, mais c'est délibéré.
- "Films d'animation" n'est pas un genre et n'est pas forcément fait pour les enfants...
- Il n'y a pas vraiment d'happy end.
- Ce n'est pas un film d'aventure fantastique comme tant d'autres Ghibli, mais une Chronique de guerre !
- Il n'y a pas de premier rôle, l'ensemble des tanukis est le héros.
- Le propos est beaucoup moins manichéen que ce que les première minutes laissent entrevoir.
- La VF est à bannir comme d'habitude

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• HISTORICITE/CULTURE • (car j'ai lu bcp de critiques se posant la question)
- L'urbanisation délirante de Tama dans les années 1960 n'est pas du tout exagérée.
- Les légendaires yôkais métamorphes (Kitsune, Tanukis,...) sont rigoureusement retranscrits (apparences, caractères & chansons) à partir de contes et d'estampes (comme tous les yôkais du défilé).

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• THEMATIQUES/REFLEXIONS •
L'écologie, la guerre, le terrorisme, les minorités, la marginalité, les apparences, la différence, la liberté, l'adaptation, le déracinement, la survie, la xénophobie, l'Histoire, l'amour, la fraternité, la coopération, la transmission, l'ambition, l'égoisme, la corruption, la traitrise, l'ignorance, les médias, la communication, la mort, le passage du temps, la bétise (de la foule), , le stress citadin, le progrès, le vivre ensemble... et la vie en général.

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• ANTAGONISMES •
Humains VS Animaux, Progrès VS Traditions, Bouddhisme VS Taoisme, Dieu VS Créature, Ville VS Campagne.

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• COMPARAISON / REFERENCES •
Nombres d'articles sur ce film ne peuvent s'empècher de le comparer aux oeuvres de Miyazaki ("Mononoké hime" surtout), alors évidemment on y retrouve plusieurs thématiques communes, mais il y a tout de même beaucoup d'autres oeuvres avec lesquelles on peut faire le lien comme "Les Enfants Loups, Ame & Yuki", La Forêt de Miyori ou "Un été avec Coo" ; ainsi que de films en prise réelle, parlant de minorités proches de la nature en conflit avec la ""civilisation"" comme : "La Forêt d'émeraude", "Danse avec les loup" ou encore "La Terre des hommes rouges".

Pour en finir avec les comparaisons avec Mononoké (1997), comprenez que c'est Miyazaki qui a repris les thématiques de Pompoko (1994) pour les retraitées dans son film et pas l'inverse (qui n'a pas, chronologiquement pas de sens).

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• REPROCHES • (dans ce que j'ai pu lire)
- "c'est trop long" => il est vrai que les enfants ont du mal à se concentrer plus d'1h30, donc revenez quand vous serez plus grand... Il est vrai qu'ils auraient pu sortir une version courte avec 15 minutes en moins... mais pour moi, chaques scènes a son intérèt dans le propos.
- "c'est lent/chiant" => à mon sens, le rythme un peu lent souligne l'opposition avec la vie frénétique de la ville.
- "c'est moche" => c'est une animation old-school (1994), sans ordinateur & 3D, tous à la mains sur ces cellulos, donc comparez ce qui est comparable.

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• ELOGE •
Pour moi le point fort du métrage, C'est de faire passer, en plus d'une grande palette d'émotions, beaucoup de réflexions sous une apparente mièvrerie.
Vous ne comprendrez pas directement, car le début est très enfantin kawaï-bisounours, mais petit à petit le film va glisser vers la guerre, la mort et le désespoir...

Takahata avec Pompoko, va au-delà de ce qu'on est en droit d'attendre d'un bon divertissement...
C'est plus qu'une comédie avec des bestioles rigolotes avec des grosses couilles (à croire que le public ne retient que ça...), c'est un pamphlet politique acerbe et cynique.
C'est plus qu'un simple "entertainement", c'est une oeuvre d'art dense et touchante.

Il y a tout dans ce film : de la guerre, de la comédie, de l'aventure, du drame & il aborde une multitude de thèmes précédements cités.
Bref, c'est pour moi une sorte d'absolu indépassable !

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• CITATIONS •

"Je les admire moi les humains, je sais pas comment ils font pour tenir le coup"
(ultime phrase du métrage - à propos de la vie citadine )

"Finalement, ce qui leur arrive, c'est ce que nous vivons : nous sommes des tanukis obligés de nous déguiser en citadins ! C'est particulièrement vrai, par exemple, pour les ruraux qui viennent travailler à Tokyo et qui sont victimes du stress, des maladies cardiaques...
Un autre point important est que le Tanuki est une espèce minoritaire. Au Japon, au nord d’Hokaido, vit l’ethnie des Aïnous. Ce sont les premiers habitants de l’archipel. Ils subissent aujourd’hui un sort comparable à celui des Amérindiens d’Amérique du Nord. Ces races minoritaires parquées dans des réserves sont confrontées à la race dominante. Cela peut se traduire par des positions extrêmes comme le terrorisme ou encore par le refuge dans la religion. Les Tanuki représentent ces minorités opprimées, et le film décrit les différentes voies qui s’offrent à eux."

« Si je ne crois pas qu'un film a le pouvoir de changer les choses, je pense qu'individuellement, on peut éprouver de la sympathie pour ces problèmes. Cela peut donner une meilleure compréhension du danger qui nous menace. J'essaye de donner à voir un « chemin » par rapport aux choix que les êtres humains doivent faire... J'espère secrètement qu'ainsi, quelques personnes, après la vision de mon film, par leur attachement émotif, se sensibilisent et seront encouragés à prendre des initiatives personnelles. Grâce au réconfort intérieur et à l'encouragement, des actions peuvent naître... Mais je ne crois pas qu'un film puisse changer le monde ! Loin de là... »
(interview de Isao Takahata - extrait de la revue Positif n°425 - 1996)

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• LIENS •
Pour aller plus loin :

- La Chanson "Tanuki-san, asabo janai ka" : http://youtu.be/fsR9LbBNtG0
- La chronique la plus complète : http://www.buta-connection.net/films/pompoko.php

Créée

le 27 déc. 2014

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Emmanuel Sorin

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