Popcorn
5.8
Popcorn

Film de Mark Herrier (1991)

Le premier Scream de Wes Craven est devenu culte à travers le monde et a lancé la mode de ce qu’on a rapidement appelé les neo-slashers, engendrant bon nombre de rejetons plus ou moins réussis durant de nombreuses années. A partir d’un scénario malin de Kevin Williamson, Scream avait redéfini les codes d’un genre tout en les parodiant avec une habileté certaine et il avait été immédiatement culte pour des millions de gens. Mais si Scream n’était en fait pas le premier neo-slasher ? Et si le duo Wes Craven / Kevin Williamson n’avait au final pas réinventé grand-chose ? C’est la question qu’on peut se poser lorsqu’on sort du visionnage de Popcorn, petite comédie horrifique du début des années 90, qui semble avoir pas mal influencé les deux hommes au point que certaines similitudes en deviennent troublantes.


A la fin des années 80, les films d’horreur commencent à être passés de mode après une période où il suffisait de taper dans un rayon de vidéo club pour en voir tomber 200. Le début des 90’s est donc une période peu propice au cinéma horrifique, ce qui explique sans doute pourquoi Popcorn est passé inaperçu à l’époque. Pourtant, il a suscité un certain culte au fil du temps par certains amateurs et a même eu droit à 2017 à une sortie blu-ray chez nos amis ricains. Il est le seul et unique long métrage de Mark Herrier, qui ne fera par la suite que deux courts-métrages. Le désir de ce dernier est d’examiner le passé du cinéma d’horreur avec un œil certes bienveillant, mais également un tantinet moqueur, et le résultat est une véritable lettre d’amour à la folie du cinéma de minuit, à ces bobines de seconde zone dont les Américains se délectaient dans des drive-in en deuxième partie de soirée. Et ce sont les films dans le film qui rendent surtout hommage à cela. Au lieu de prendre des stockshots de films existants, la production est allée jusqu’au bout du processus en filmant des parties de ces films dans le film. Ils constituent la toile de fond de la plupart des actions du grand méchant qui va œuvrer dans un cinéma bourré à craquer de gens venus s’éclater devant ces films de seconde zone, aux mauvais acteurs, aux effets spéciaux de mauvais goût, qui pourtant respiraient l’amour du cinéma. Des films dans le film réalisés avec beaucoup de soin, si bien qu’on pourrait croire qu’il s’agit de films réels réalisés dans les années 50/60 ; avec tout le kitch que ça représentait déjà en 1991. Qu’on se le dise, Popcorn n’est pas un grand film mais il a un certain charme, et surtout, comme je le disais en introduction, il est précurseur de ce qui arrivera 5 ans plus tard avec la déferlante Scream.


Les similitudes sont parfois troublantes. Comme Scream, le film commence avec une femme, chez elle, qui reçoit un coup de fil mystérieux. Comme Scream, l’héroïne est vierge et a un copain qui a très envie d’elle. Comme Scream, les protagonistes connaissent bien le cinéma d’horreur. Mais ce n’est pas tout puisque les personnages ont des discussions sur des films qui existent vraiment (ça cite Orson Welles, Steven Spielberg, …) ; ils vont diffuser des films d’horreur et les scènes de ces films d’horreur vont faire écho à ce qu’il se passe dans le film lui-même ; le méchant s’avère au final être une connaissance de l’héroïne qui fait ça à cause d’une histoire passée ; ce même méchant a un plan bien défini et il agit comme s’il était dans un film d’horreur ; il kidnappe même un des parents de l’héroïne qui va réapparaitre ligoté pour le final ; et on pourrait continuer un moment comme ça. Non, clairement, Kevin Williamson avait Popcorn bien en tête lorsqu’il a écrit le scénario de Scream. La performance des acteurs est parfois un peu plate, mais les personnages ont l’avantage de ne pas être les habituels clichés sur pattes qu’on a l’habitude de voir dans le genre. Ici, ce sont des étudiants en cinéma qui se servent malgré tout de leur tête. Mais ils manquent cruellement de développement et, au final, on se fiche un peu de leur sort. Le seul qui est réellement soigné, c’est le méchant. Il est bien pensé, ce qui n’est pas toujours le cas dans les slashers, et son côté tragicomique fonctionne parfaitement, même si l’acteur en fait des tonnes lors du final. Qui dit slasher, même comique, dit meurtres, et là ça pêche un peu. Le bodycount est très faible et bien que les quelques effets sanglants soient réussis (comme le maquillage de l’antagoniste), le film n’a quasiment pas de gore et se fait du coup très timide en termes de giclées de sang et autre tripaille à l’air.


Sorte de transition entre les slashers des années 80 et les neoslashers de la fin des années 90, Popcorn n’est pas un grand film mais il possède malgré tout ce charme désuet qui le rend immédiatement sympathique.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-popcorn-de-mark-herrier-1991/

cherycok
6
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le 23 janv. 2023

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