Drôle de film et drôle de ressenti que laisse ce Porcherie / Porcile (1969) de Pasolini. Une histoire où s'entremêle deux récits, deux époques. L'une qui semble se situer dans l'ère médiévale et l'autre dans une Allemagne contemporaine. La première dans un silence de mort, et la seconde dans un dégueulis de mots. L'une sous fond de cannibalisme et l'autre sous fond de zoophilie. L'une se déroulant dans un décors désertique, grisâtre, au pied de l'Etna, et l'autre dans une demeure bourgeoise d’industriel avec pour point commun entre les deux, une austérité. L'une très corporelle, et l'autre très cérébrale, intellectuelle.
Absolument rien à redire sur la partie médiévale, silencieusement planante, dont les décors désertiques et vaporeux vous hypnotisent et vous transportent dans ce récit de cas limite (pour reprendre l'expression de Paso). Récit qui, entre autres, relira dans leur finalité le personnage joué par Pierre Clémenti (époque médiévale) et celui interprété par Jean-Pierre Léaud (époque contemporaine).
La partie contemporaine à priori moins engageante car débutant de manière pompeuse à travers des dialogues entre deux personnages interprétés par Jean-Pierre Léaud et Anne Wiazemsky et semblant limite sortir de la Nouvelle Vague (sûr qu'avec ces deux acteurs là, le parallèle est vite fait) à base d'échanges plus ou moins abscons, mais parfois pertinents, entre une jeunesse (bourgeoise) contestataire et l'une indéchiffrable située dans un entre-deux hors norme, m'ont fait craindre le pire quant à cette partie (heureusement entrecoupée par celle médiévale). MAIS, rapidement la donne change avec l'arrivée de dialogues absolument jouissifs dans ce qu'ils ont de plus dégueulasses, et ce, par l' intermédiaire de personnages totalement cyniques, interprétés par Alberto Lionello (industriel au faciès hitlérien), Marco Ferreri et Ugo Tognazzi (industriel, ancien sympathisant nazi et même criminel de guerre). A partir de cet instant, le bal de la porcherie est lancé...
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