Entre deux guerres, alors que la crise économique se pointe et que le fascisme monte en Italie, un cochon chasseur de prime affronte les pirates du ciel dans des duels d'hydravion. Des pirates du ciel pas vraiment méchant avec leur coeur d'artichaut, devenant doux comme des agneaux face à Fio ou plus encore face à Gina, deux femmes au caractère bien trempé. Alors que notre cochon solitaire pacifiste s'avère être un séducteur assez bon vivant même s'il a perdu foi en l'humanité. Quand à Curtis, le grand rival, il a ce côté adolescent américain à la fois énergique et beau rêveur. Des personnages adultes hauts en couleur.
Le scénario avance tranquillement et efficacement, abordant au passage de manière assez superficielle des thèmes sérieux (guerre, amour, honneur, travail des femmes...) qui se voient "étouffés" par le côté léger de l'ensemble. La mise en scène est dynamique et est d'une efficacité remarquable pour les joutes aériennes à la fois réaliste, spectaculaire et avec la petite touche d'humour comme il faut. Avec un souci du détail toujours présent le tout sur fond de mer Adriatique... un vrai décor de vacances. Les séquences en intérieur ou au sol regorgent encore plus de détails et sont tout autant soignés. Et les idées et trouvailles de mise en scènes ne manquent pas (cf les marins formant une flèche) et l'on sera pris à contrepied par le génial final assez inattendu du duel aérien opposant Porco et Curtis.
Pour la musique, Joe Hisaishi nous sert une ambiance magistrale italienne assez mélancolique et pleine de nostalgie. Une ambiance tranquille méditerranéenne tout en romantisme (que "Le temps des cerises" résume parfaitement), on ressent bien que malgré tout que cette belle époque de l'entre deux guerre touche à sa fin. Et pourtant cela n'empêche pas les morceaux plus légers ou percutants qui contribuent à renforcer les scènes d'humour ou les duels aériens. Niveau doublage, nous avons droit à du bon qui colle terriblement bien aux personnages. A la tête de ce beau monde, Jean Réno nous campe un génial Porco Rosso, la personnalité, le charisme de l'acteur allant parfaitement avec celle du cochon volant solitaire et séducteur. Curtis se voit servi par un jean Luc Reichmann qui n'est pas en reste non plus et fait bien ressortir ce côté plein d'énergie de l'américain. Paolo Piccolo a été confié à Gérard Hernandez qui là encore colle terriblement bien.
Premier Ghibli sortie en France, Porco Rosso est un peu particulier dans la filmographie de Miyazaki. Pas vraiment de grande morale ou de critique (au contraire d'un Nausicaa) il s'avère tout simplement aussi simple que sans prétention. Le tout avec cette touche inimitable du japonais qui nous offre un savant dosage entre romantisme / poésie / mélancolie et rire. Un film très plaisant à regarder, justement grâce à cette ambiance si particulière qui fait de lui l'un de meilleur chef d'oeuvre de l'auteur.