Un véritable condensé de bullshit. Ce torche-cul n’a rien d’impartial…

Sujet sulfureux ou véritable branlette du néant ? Comme son titre l’indique, Pornhub - Gros plan sur le géant du sexe (2023) nous propose de lever le voile sur la plateforme de streaming pornographique la plus connue au monde. A travers une série d’entretiens, le film tente d’apporter des réponses aussi bien sur les raisons de ses succès que de ses scandales.

L’ennui avec des plateformes de streaming telles que Netflix ou Amazon Prime (pour ne citer que les plus connues), c’est qu’elles doivent perpétuellement apporter du contenu à ses abonnés, les gaver en permanence pour qu’ils restent à l’afflux et n’aillent pas voire ailleurs si le catalogue de films est mieux achalandé. Et c’est bien là le problème, Netflix produit du contenu à foison et la qualité s’en ressent. Leurs documentaires finissent par tous se ressembler au point de devenir fade et inconsistant.

La première partie du film revient sur la genèse de PornHub et ce qu’était l’industrie pornographique sur le web avant que le site de streaming ne devienne la référence mondiale. On y apprend que la maison mère n’est autre que MindGeek, si son nom ne vous dit rien, elle possède d’autres fleurons du X telles que RedTube, Youporn ou encore Brazzers. On y apprend aussi que la véritable révolution liée à PornHub, c’est la redistribution des cartes. Dorénavant, les acteurs porno peuvent faire carrière sans dépendre d’agents ou des studios. En devant auto-entrepreneur, en gérant eux-mêmes leur business, en se filmant, montant et publiant eux-mêmes leurs contenus directement sur le site. Finis les intermédiaires, ils sont maîtres de leur destin et surtout, de leur carrière.

Passé les présentations et les raisons de son succès, le film s’intéresse ensuite à ses nombreuses casseroles (diverses vidéos hébergées sur PornHub feraient l’apologie de la pornographie infantile, de la traite d’enfants, du trafic d'êtres humains ou de viols). Le scandale éclate aux débuts des années 2000, obligeant plusieurs grands groupes bancaires (Amex, Master Card & Visa) à se retirer de PornHub (empêchant toutes transactions, notamment vers ceux qui crées du contenu). Il est aussi reproché à PornHub d’avoir sous-estimé la modération sur son site (qui n’emploierait qu’une centaine de modérateurs alors qu’il génère autant de trafic que Facebook, qui en emploi près de 15 000). Face à ce badbuzz et à une forte mobilisation, la direction du site est contrainte de supprimer jusqu’à 10 000 de vidéos jugées non-conformes.

Pour appuyer ses propos, la réalisatrice peut compter sur une poignée d’intervenants (anciens salariés de MindGeek, diverses pornstars, des journalistes et autres réalisateurs de films porno). Le souci principal avec ce documentaire, c’est qu’il a le cul entre deux chaises. D’un côté, il semble faire la promotion d’un site pornographique sans vergogne, en nous vantant tous ses bons côtés (et vous pouvez compter sur les intervenants pour jouer le rôle de parfaits VRP) et de l’autre, on nous assomme avec tous les derniers scandales en date mais comme la plupart des intervenants proposent tous du contenu sur PornHub ou une filiale de MindGeek, ne comptez pas trop sur eux pour qu’ils viennent casser du sucre sur le dos de leur employeur / hébergeur / gagne-pain (rayez la mention inutile).

D’ailleurs, la conclusion du documentaire est hallucinante, un véritable condensé de bullshit. Sous prétexte que PornHub aurait appris de ses erreurs, désormais, le porno serait safe et le consentement de rigueur. Du foutage de gueule auquel on est en droit de se demander si ce torche-cul est aussi impartial qu’il semble l’être…

Netlfix nous avait habitué à bien mieux en termes de documentaire sur la pornographie, notamment avec Hot Girls Wanted (2015) de Jill Bauer & Ronna Gradus.

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