Est-il de bon goût, pour évoquer une relation sado-masochiste, de l'associer au nazisme? On ne soupçonnera pas Liliana Cavani de complaisance ou d'ambiguïté à l'égard du nazisme mais réduire, dans le film, la relation entre un bourreau allemand et une victime des camps de concentration à une domination-soumission sexuelle ne m'est pas apparu comme une idée très délicate. Surtout quand, à l'occasion de flasback, l'uniforme noir des SS devient, non pas seulement un symbole du mal absolu mais une sorte d'instrument esthétique.
Sans doute, le film n'est pas seulement l'étude d'une déviance sexuelle, et Cavani s'attache, à travers le cas d'une poignée d'anciens nazis, à démontrer comment ces derniers prétendent liquider leur passé ou surmonter leur culpabilité.
Cependant, le drame intimiste de la réalisatrice est peu satisfaisant, peu intéressant sur un plan humain et psychologique quand, pour l'essentiel, il expose la relation sado-maso renaissante entre Max et Lucie, lesquels se retrouvent par hasard à Vienne, des années après la fin de la guerre.
Dick Bogarde et Charlotte Rampling jouent sur le mode de l'émotion contenue et du non-dit. On aimerait s'intéresser à leur sort, au sort qui sanctionnera leur union particulière et silencieuse, mais l'esprit et l'étroitesse dramatiques du film nous en détournent. Il n'est guère que le moment où Max et Lucia se reconnaissent, dans un hôtel de Vienne, qui soit troublant.