Belle de jour, portier de nuit, amours troubles.
Le film est très intéressant, porté par les interprétations incandescentes de Charlotte Rampling et Dirk Bogarde, mais c'est surtout une très belle variation sur le syndrome de Stockholm. Au départ, Lucia déteste Maximilian ,pour les atroces tortures subies lors du camp de concentration, mais ensuite, une étrange empathie se développe entre eux, où la haine se transforme en une certaine sympathie, voire de l'affection sur la fin. Mais le passé surgit toujours, et ils seront traqués par d'anciens nazis...
A l'époque, le film avait provoqué un énorme scandale, à la fois pour la brutalité de Bogarde envers Rampling, pour la scène (assez courte en fait) où cette dernière est déguisée en officier SS avec les seins nus ou pour le procès fait à la réalisatrice de proposer un Nazi qu'on peut ne pas détester. 40 ans plus tard, et la vision de films analogues comme Salo, il faut dire que si la force du message reste toujours aussi puissante, la forme a peut-être un peu vieilli, car on connait davantage aujourd'hui les sévices subies par certaines femmes lors de camps de concentration, donc on est peut-être moins choqués que ceux qui pouvaient l'être à l'époque.
Baigné dans une superbe lumière "germanique" (le film évoque beaucoup ceux de Fassbinder dans leur ambiance, voire "Possession" de Zulawski dans ce ton bleuté), c'est un sujet sur l'amour fou (au sens premier du terme), sur la folie des sentiments malgré un parcours chaotique, et, comme je le disais, une variation sur le syndrome de Stockholm qui en devient fascinante entre une femme horrifiée par ses sévices passés et un homme qui veut se racheter malgré lui.