Nous le rêvions depuis notre toute première lecture d’Harry Potter à l’école des Sorciers : des photos en mouvement. Voici que Sergeï Loznitsa nous l’apporte dans son court-métrage de 2002, Portrait.
Nous observons une à une les photographies d’une même série qui, malgré des protagonistes tentant de rester immobiles, sont observées suffisamment longtemps pour que de petits détails animés nous apparaissent.
D’abord le froid, les tremblements de mains, les respirations, bien sûr, ou encore des mouvements annexes, des animaux autour, du vent, de la neige, de la végétation.
Ces photos animés, en quelques secondes d'observation, nous décrivent une vie entière. Ce que les personnes photographiées tiennent à la main, la vieille maison derrière, le champs, la forêt, tout ces éléments témoignent de vies simples mais difficiles. La plupart des portraits représentent des personnes suffisamment âgées pour que nous observions, à travers ces photos, une vie toute entière.
Peu à peu, nous passons de portraits à paysages. Des panoramiques dévoilent la nature, la campagne, un monde à part dans lequel ont évolué toutes ces personnes. Une mise-au-point faite peu à peu sur les paysages du fond, pour aller au-delà de l'art photographique et nous dévoiler le portrait complets de ces personnes que nous observons avec le monde dans lequel elles ont évolué. Ce paysage est somptueux, hivernal, dur, venteux et immense. Immense au point que la personne du portrait nous parait bien seule.
Au début du court-métrage, du moins, car même si nous avions d'abord la sensation d’une unique personne dans un vaste monde, à la fin du court-métrage, nous savons que cette personne est loin d’être l’unique, et qu’au contraire, les portraits l’ayant suivies représentent un nombre conséquent d'habitant.e.s, témoignant d’une vie récurrente dans la Russie rurale. Le titre "Portrait" au singulier, vient apporter une indication supplémentaire. Ce film, est une seule photographie, celle d'un mode de vie.