Pas super emballé par les années 80 chez Hideo Gosha pour l'instant, entre un "Death Shadows" dont les couleurs ont exacerbé le grotesque jusqu'à l'écœurement et donc ce "Portrait d'un criminel" qui suit un criminel en cavale sur une assez longue durée dans le Japon d'après-guerre. On ne peut pas raisonnablement dire qu'il s'agit d'un film conventionnel, mais c'est en tout état de cause un film qui ne surprend pas vraiment car il y a malgré tout un petit côté académique (sans aller jusqu'au scolaire) dans la façon d'éclater la narration à gros coups de flashbacks dans tous les sens. J'avais adoré Ken Ogata dans un autre biopic, "Mishima - Une vie en quatre chapitres", mais ici dans le rôle de Tokichi Sakane, il est presque aussi terne que l'ensemble.
La structure narrative est intéressante dans la façon d'explorer le temps de part et d'autre de la séquence essentielle de la tentative (ratée) de suicide en prison suivi d'une tentative (réussie) d'évasion qui suivra. On explore autant d'un côté, en observant ce que devient ce criminel dans le Japon en crise des années 40-50, que de l'autre, brièvement au moins, avec les raisons qui l'ont poussé à faire exploser sa maison avec femme, enfant et voisins. C'est en prison qu'on peut voir les deux scènes marquantes, la tentative de suicide par coupage de gorge qui lui laissera une cicatrice à vie (et marque facilement reconnaissable lorsqu'il sera pourchassé) et la tentative d'évasion dans la boue (qui lui vaudra des comparaisons avec un rat et un serpent).
Drôle de revoir Ogata dans un film de chasse à l'homme, quelques années après "La vengeance est à moi" (plus obscur dans mes souvenirs). Je trouve ça étonnant de voir Gosha investir ce récit de manière aussi sérieuse du début à la fin, sans doute trop à mon goût à tel point qu'il donne l'impression d'appliquer une recette. Au terme du périple (qui dure un peu trop poussivement sur la fin), le portrait du loup solitaire qui cherche le beau dans le morbide n'est pas si fou que ça.