De la minutieuse reconstitution historique au teint de porcelaine de Nicole Kidman, rien ne manque dans ce décor anglais fin XIXème à l'ambiance feutrée. Du roman de Henry James, Jane Campion a tiré un film d'une élégance sombre et glacée, un portrait de l'idéalisme déçu où le mariage est perçu comme un lien de soumission et fait l'objet de stratégie pernicieuse.
La rigidité des codes, le sentiment refoulé, la farouche indépendance d'esprit, les tourments sensuels sont bien restitués, il ne manque que le souffle de l'émotion sous ce vernis à la beauté froide et à ce bel écrin assez lisse, un peu comme la glace qu'on ne parvient pas à briser. Le relatif ennui de ce drame de coeur est heureusement atténué par une interprétation remarquable : Nicole Kidman y trouve probablement un de ses plus beaux rôles, et John Malkovich incarne magnifiquement un soupirant cynique et calculateur ; tous deux sont entourés d'un casting de luxe : Barbara Hershey, Richard E. Grant, John Gielgud, Shelley Duvall, Shelley Winters, Viggo Mortensen, Christian Bale... Un beau spectacle, mais qui laisse des regrets.