Portrait de femme par BibliOrnitho

Comment manquer la diffusion de Portrait de femme, film de Jane Campion adapté du roman éponyme de Henry James ? Impossible pour moi, et c'est devant ARTE que j'ai passé ma soirée. J'avoue que j'étais un tantinet inquiet. Je le suis toujours avant de découvrir une adaptation après avoir goûter le livre. Car comment rendre en 90, 120 ou 150 minutes toute la magie de quelques jours de lecture, profondément enfoncé dans le moelleux de mon canapé ? C'est mission impossible : car chaque fois, on me sert en quelques minutes ce que j'ai mis des heures à lire. Résultat, j'ai immanquablement l'impression que le réalisateur court un cent mètres, que le déroulement - expédié, bâclé - a été épuré des mille détails qui en faisait le sel pour aller à l'essentiel et en finir plus rapidement.

Pourtant, avec le film de Jane Campion, je n'ai jamais eu cette impression. L'atmosphère créée par Henry James est fort bien rendue. Cette jeune fille américaine, libre, indépendante, désireuse d'apprendre elle-même la vie au lieu de se plier aux convenances poussiéreuses de l'ancien monde, cette vieille aristocratie britannique engluée dans ces traditions séculaires, ces opportunistes chasseurs de dote dénués de tout scrupules... J'ai retrouvé tout ce que j'ai aimé dans le livre : la belle campagne anglaise abondamment arrosée, les charmes de la Toscane, la complexité des personnages...

Ce portrait de femme est donc une réussite. Une réussite que j'ai d'autant plus appréciée que je n'y croyais pas réellement.

http://www.senscritique.com/livre/Portrait_de_femme/critique/14370555