Je ne suis ni transportée ni ennuyée par ce film. Je trouve que Jane Campion garde une ligne assez classique, sauf sur quelques scènes, et sur les visages qu'elle filme au plus près. Là où sent très fortement l'enfermement et l'étouffement d'Isabel par son mari.
Il y a de belles images, de beaux décors et de belles couleurs. Qui retranscrivent parfois sans besoin d'en rajouter le goût exquis d'Osmond tout en soulignant l'enfermement, la prison dorée.
Les paysages extérieurs sont aussi beaux que peuvent l'être des paysages anglais ou écossais, de campagne, de grande demeure, d'arbres et saisons qui passent : ils remplissent parfaitement leur rôle de représentation du pur romantisme.
Jane Campion a essayé de capter l'évolution d'une jeune femme, au début indépendante et audacieuse, puis mariée et enfermée dans une rigidité convenue.
Pour moi, elle n'a pas tout à fait réussi. Peut-être est-ce que ça vient du fait de n'avoir pas lu le livre ? Mais je trouve qu'il me manque des choses, qu'on ne sent pas trop la jeune femme vive et indépendante du début. De trop courtes scènes, où elle fuit, semble peureuse et à ne pas vraiment dire les choses (alors que tous vantent sa sincérité et sa fougue).
Par contre... Nicole Kidman arrive parfaitement, ensuite, à jouer le rôle de cette femme obligée de se maîtriser à tout instant. Froide, dure, magnifique et dominante, puis qui se craquèle de partout face à son mari, quand elle est obligée de reconnaître le désastre de sa vie.
Intéressant les moments où l'on sent qu'Isabel cherche toujours l'amour de son mari, et se soumet d'elle-même à son autorité, comme fascinée. Surtout une scène importante, lorsqu'Isabel veut partir au chevet de son cousin malade et qu'Osmond le lui interdit, au nom de leur "contrat", de leur honneur, de l'amour qu'ils doivent éprouver l'un pour l'autre.
Le chantage affectif pèse avec terreur sur les épaules d'Isabel. Et les jeux de Nicole Kidman et de John Malkovich se répondent incroyablement, à sentir l'explosion pas loin.
Cela dit, tous les acteurs sont bons. Viggo Mortensen en amoureux jeune, doux, et impétueux.
Christian Bale en jeune homme (qui semble avoir tout juste terminé de mué), au visage légèrement poupin et capricieux, nerveux, et amoureux passionné.
J'ai trouvé la jeune fille (enfant d'Osmond) assez fade.
J'aurais aimé plus en voir du personnage complice d'Osmond (Serena Merle), et de leur relation diabolique et destructrice.
Un film donc agréable, mais qui reste globalement assez convenu dans son style fin XiXème, belles robes, scène de danse (quoique l'évanouissement une par une des jeunes filles était troublant, intéressant et original), scène de déclaration et de rejet.
Un film qui reste sur ses rails, et a laissé un peu trop de côté certains aspects qui lui aurait donné une densité et une profondeur plus impressionnantes.