Sélection naturelle ! (spoilers inside)

Il faut dire que, comme pour Volcano ou Daylight, j’ai un petit faible pour ce nanar catastrophe qui enchaîne les messages gros comme une maison avec les effets pyrotechniques jubilatoires. C’est le genre de spectacle bigger than life qu’on ne peut pas regarder sérieusement, mais qu’on regarde parce que ça ne prend vraiment pas la tête et qu’on rigole fréquemment. Et ça commence rapidement ici avec la présentation des différents personnages. Nous avons le jeune couple blanc (le vecteur d’intégration qui rentre dans ma catégorie d’âge), le père un peu dépassé, le play boy héroïque, l’alcoolique, le papy blanc proche du suicide (il est aussi un peu homosexuel, mais ça ne se voit pas), une mère célibataire blanche et son enfant (Jimmy Bennett, un ado à suivre) et enfin un serveur mexicain et sa copine qui est passagère clandestine (ah, ces mexicains, peuvent jamais respecter les lois américaines). Avec une telle brochette, on peut déjà faire les prédictions, et on ne se trompe pas une seule fois. Arrive alors la vague, une sorte de truc numérique qu’aucun phénomène naturel ne peut créer. Le seul exemple qui me vient à l’idée pour l’apparition d’un phénomène aussi brusque, c’est la vidéo que tout le monde connaît avec les essais nucléaires pratiqués en mer par les américains. Mais ici, ça arrive naturellement, et surtout, le paquebot se retourne comme une crêpe. Et il reste dans cette position. Déjà, on défie les lois de la physique avec un sans gêne qui laisse mort de rire. Puis le commandant noir, survivant, commence à donner des ordres pour enfermer tout le monde dans la pièce, qui se trouve être maintenant tout au fond de l’eau. Pas suicidaire, le mec. Mais heureusement, notre équipe de Wasp se monte vite, et ils commencent à se mettre en route en ignorant les avertissements du capitaine. Il est assez amusant de voir comment l’équipe se soude. En fait, chacun prend la parole à un moment, et quand il l’a fait, il fait partie de l’équipe. Mention spéciale à l’ingénieur, qui se retrouve inclus dans le groupe en disant ceci : « Croyez moi, je suis ingénieur, ce bateau n’a pas été conçu pour flotter à l’envers. » Et tu as fait l’école polytechnique pour nous dire ça ? On te prend, c’est toujours utile, un ingénieur suicidaire décati… Le mexicain est pris pour guider (il était passeur dans une autre vie), et retrouver le jeune couple et la copine mexicaine perdus dans les étages inférieurs (qui sont maintenant supérieurs).


Pas de pot pour le mexicain, il se fait sacrifier dans les 5 minutes qui suivent. Mais quand je dis sacrifié, c’est qu’il s’accroche à un type pour ne pas tomber dans un trou, et que ce dernier lui file des coups de pieds pour qu’il y tombe. Sale mexicain resquilleur ! Puis ils retrouvent les jeunes (ouf, je commençais à ne plus me sentir concerné par le film), et continuent leur périple en passant par les conduits de ventilation qui s’inondent. Bonne scène à suspense, surtout qu’il y a une grille au bout qui les empêche de sortir. Quelqu’un a un tournevis ? Mieux ! La mexicaine a un chapelet ! Et voilà qu’ils se servent de la croix pour dévisser la grille. Moi les gars, je vous le dis, cette séquence vaut tous les cours de catéchisme du monde. Jésus sauve des gens, et c’est pas des conneries, tout le monde lui doit la vie sur ce coup là. Maintenant qu’on est rassuré sur la Foi de l’auteur du script, nos héros sortent après avoir dévissé une visse (d’habitude, faut en dévisser 4, mais là, ce sont des mexicains qui ont probablement construit le bateau). S’ensuit un long passage en apnée. Dans les films (et c’était valable sur Daylight), je m’amuse à retenir ma respiration aussi longtemps que les personnages. C’est impossible 3 fois sur 4, et en plus eux, ils nagent. Et bien ici, c’est vraiment impossible. Des amateurs capables de tenir l’apnée pendant 3 minutes trente, ça tient du miracle. Merci Jésus de toujours veiller sur nous. Mais la mexicaine se fait accrocher par un câble et meure noyée. Fallait payer ton billet, immigrée !


On continue notre remontée dans les entrailles du bateau avec toujours autant d’incohérences que c’en est un bonheur. On apprendra notamment qu’il y a des portes dans la coque d’un bateau qui permettent d’accéder à l’extérieur (desfois que quelqu’un ait envie de se rafraîchir un peu une fois au large). Mais là, on est confronté à un problème idéologique. En effet, on a tellement bien épuré les minorités pendant le film que maintenant, on n’a plus que des blancs. Les enfoirés de démocrates vont nous taxer de racistes, en plus comme Wolfgang est allemand, il y a des mots méchants comme « nazi ! » ou « politiquement douteux » qui vont sortir. Il faut donc tuer un blanc pour montrer que personne n’est épargné. Alors lequel on peut tuer sans s’aliéner le public… Le père ! Evidemment, il se sacrifie pour que sa fille puisse vivre ! C’est beau et on va pleurer dans les chaumières. Banco, il n’a qu’à se noyer. On ne tue pas le vieil ingénieur, parce que sinon, en éliminant le vieux, on aurait définitivement été taxé de nazi. Et il n’y aurait pas ce discours sur « c’est ceux qui pensaient être perdus qui sont sauvés en fait ». Bref, ils lancent une fusée de détresse qui se transforme en hélicoptère, et générique. Au moins, on ne se fait pas chier avec un épilogue malvenu. Pour ma part une odyssée fort distrayante dans un paquebot défiant la logique encore plus que dans Triangle, avec des règles hollywoodiennes jamais transgressées et c’est ça qu’on aime, la rigueur et la discipline. Oups, je suis vraiment incapable d’être sérieux quand on parle de sacrifices pendant une catastrophe.

Voracinéphile
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le 24 août 2014

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