Possession
7.2
Possession

Film de Andrzej Zulawski (1981)

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Il y a dans le jeu, autant que dans le surjeu, l'interprétation des acteurs, un mensonge qui blesse le film, et que je déteste souvent. Derrière ce jeu, l'acteur pudique essaie de se voir comme une autre personne pour ne pas avoir à montrer qui il est devant la caméra.


Ici dans ce film le surjeu est omniprésent dans le couple, et on notera qu'ils sont les seuls à aller aussi loin, bien que les autres personnages soient aussi complètement fous.


Pourtant ici, j'arrive à y trouver quelque chose d'authentique, si c'est les crises hystériques d'Adjani qui sont comme des rappels à des souvenirs douloureux qu'on peut avoir, de la femme complètement déraisonable, bien sûr vu à travers le regard subjectif de l'homme, où l'on sent que Zulawski a pu y mettre de l'expérience personnelle, parce que le film paraît vraiment trop dérangé et pourtant trop juste pour être le fruit du hasard. Il aurait d'après ce que j'ai lu même montré des évênements marquants de sa propre vie, comme la scène avec son fils, qu'on retrouve négligé avec de la confiture collée partout sur lui.


La caméra tourne en rond parfois, comme les personnages, qui au gré de cycles d'attraction et de rejet nous rendent malade et on ressent toute cette ivresse, ce vertige, et finalement cette exaltation qui justifie ce jeu complètement déraisonnable. Un état second des personnages qui ne savent probablement plus qui ils sont, et même les acteurs, après le film.

Plusieurs scènes ont réussi à me faire écarquiller les yeux, il faut quand même le faire, j'en ai quand même vues des choses, lors de ma courte vie.


Il y a aussi une grande perversité dans le montage, qui ne laisse que des répits très courts, la durée d'un plan, et il continuera d'user nos nerfs, ce qui m'a rendu le film terriblement long (en bien!) et douloureux. Je découvre Zulawski avec ce film après avoir vu plein d'images très violentes de ses autres films, on voit une omniprésence du bleu, et un travail assez intéressant de la matière organique, que je trouve admirable et qui se trouve tangeante avec mes propres recherches, à savoir éviter dans l'expression de la destruction du corps humain le cache misère du sang. Les liquides ne sont pas tout rouges, mais un mélange immonde de blanc, de rouge et de vert. Je ne vais pas essayer d'y voir ici le drapeau de la Hongrie ou de la Bulgarie tout ça parce que le réalisateur vient de l'est. En voyant ainsi des couleurs qui rebutent et qu'on ne veut certainement pas voir sur les cadavres on pousse encore plus loin la perversité des images qui ne veulent rien cacher, et ceci bien justement.


Ce divorce violent finira par engendrer deux versions idéales des époux, chose que j'ai trouvée étrange, et il y a encore des choses de ce film que je ne m'explique pas, comme ce rapport qu'on fait entre la séparation de l'allemagne en deux et celle de nos amoureux, d'autant que cette fin apocalyptique avec les bombes finit d'achever cette souffrance omniprésente du film.


Ce film m'a vraiment donné envie de découvrir l'univers de l'auteur, qui me semble pour le coup vraiment torturé par quelque chose, et son rejet cynique et moqueur de la religion, de la salvation me fait penser qu'il se plaît quand même dans l'exploration de toute cette violence.

Pupreekah
8
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le 9 sept. 2022

Critique lue 48 fois

2 j'aime

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