Ne pas avoir dormi depuis 24+ heures avant ce visionnage de 7h30 et 1h d'entracte, et ne jamais s'endormir, ou perdre son attention, une force.
Dire que la semaine dernière le film tout droit sorti du four (n'est ce pas récursif! ^^) de lanthimos était d'un soporifisme horripilant, alors même qu'il devrait représenter la vigueur contemporaine, le tchak tchak du monde réseauté ultrarapide, les nouvelles technologies d'informations qui fusent, pziooouuuu, bang, sale fdp, tiktok trend, fiouuuuu, kino, mdrrr, lol, supprime, bang, bing envoyer tweet boum.... Finalement, un film archaïque à la lenteur d'un méliès, peut être encore plus en retard.
Ici, Napoléon, Abel Gance, on est déjà à la fin du cinéma, la même année que le tragique vient arracher la nouvelle perle artistique pour la jeter en pâture à la populace, avec ses phrases qui rampent l'exsudat qui recouvre l'image, ces musiques qui narrent trop, ces bavardages.
On à déjà ici dans ce film la somme des techniques cinématographiques encore à l'œuvre aujourd'hui, BOUM les temps du discours Tambourinent le Plan, CRAAACK, les lumières et la matière déchirent l'écran PSHUUIIT la poudre de pellicule sur l'organdi qui recouvre le tulle par dessus la dentelle qui nappe les petits points de la peau des acteurs...
Jamais la longueur du film ne paralyse le génie inventif et l'élan du réalisateur, inspiré, qui s'envole, Wouaaouum, un Film inarrêtable. Qui donne envie d'étriper les anglais, de soulever l'océan, d'embrasser la France! C'est un vent en poupe.
Un film ne peut pas parler, sinon ce n'est pas un film, un film, on le sent, et ici, rien de métaphysique, de plus spirituel que le simple toucher du vent.
Et, étymologiquement, l'âme c'est quoi, c'est un air, c'est bien dieu qui souffle la vie aux hommes, et bien ce film est vivant, et il vivifie.
Ce n'étaient pas 7h30 où la gravité nous faisaient digérer par nos sièges, mais une longue séance de recharge de nos batteries, pour nous envoyer à la charge, peut être du monde qui sait.
La scène de propagande de la république universelle. Si la gauche n'a jamais réussi à fédérer sur son image et son idéal, Gance fédère la France entière sur la marseillaise, derrière Robespierre aux lunettes du plus styyyléees monsieur, derrière la république, et même derrière Napoléon, peut être un des êtres avant la venue de ce film comme l'image de ce qu'il y a de plus méprisable dans la société humaine, un assassin, une tornade qui a détruit son pays, un cocu.
Ici même l'amour de Napoléon est grandiose, c'est bien plus qu'une risible conquête, c'est un vrai amour, l'égoïsme, on le voit à chaque fois, comme il se jette avec fureur contre toutes les autres volontés, sans aucun regard en arrière.
Les surimpressions, le montage, alors tout le monde l'a déjà dit donc, on se contentera de le répéter, mais ici ces phrases cinématographiques qui se répètent, qui s'embrochent, qui fondent entre elles, c'est une vrai grande et nouvelle poésie ici à l'honneur de napoléon et de la France.
Gros génie.