Les Etats-Unis en 2013, du moins ce qui l’en reste, ont été ravagés par une seconde guerre de sécession décimant le pays tout entier. Les survivants se sont regroupés en petites communautés parsemées, isolées, vivants comme au XIXe siècle. Profitant du chaos généralisé, un groupe de guerriers appelés les «Holnists» (en référence à un certain Nathan Holn, héros de la guerre passée) font régner la terreur dans ces contrées dévastées en incendiant, pillant, rançonnant et enrôlant de force de jeunes hommes pour le compte de leur chef, l’illuminé Général Bethlehem (l’hallucinant et halluciné Will Patton). C’est dans ce contexte délétère que sieur Kevin Costner, un cowboy solitaire entre en jeu, en endossant bien malgré lui, les défroques d’un facteur des services postaux de l’ancien temps. Une supercherie qui, dans un premier temps, lui assurera un accueil chaleureux auprès de l’habitant mais qui va très vite se transformer en symbole et en espoir pour certains et en menace pour d’autres. Décidément, Kevin Costner a toujours eu un penchant pour le Western et avec «Postman», on n’échappe pas à la règle ; le réalisateur/acteur nous transporte dans un Western post-apocalyptique aux relents écolos (rappelant le «Mad Max» de Georges Miller, toute proportion gardée bien entendu) de quasiment 3h00. Tourné dans des décors à la fois naturels (les forêts, le désert du prologue) et artificiels grandioses (la carrière des Holnists, le barrage), K.Costner filme avec le cœur, une fresque humaniste et guerrière, où le courage côtoie la folie, où la mort côtoie l’espoir, celui de retrouver une vie perdue. Evidemment que «Postman» n’est pas exempt de clichés, le patriotisme peut y apparaitre exacerbé, les personnages y sont caricaturés, l’image d’Epinal d’une certaine Amérique sauvage couplée avec cet antihéros solitaire (plutôt ce héros en devenir) peut en agacer beaucoup mais ces mêmes détracteurs ne sont-ils pas les premiers à encenser le cinéma de Sergio Léone, Howard Hawks ou encore celui de John Ford, pourtant les clichés y étaient légions eux aussi ? «Postman» restera à jamais un film mal aimé comme le fut Kevin Costner qui, a eu le courage de prendre des risques cinématographiques à une époque où cela était encore possible.