Souvenirs à violon ouvert.
Après le succès de Persépolis, Marjane Satrapi adapte à nouveau une de ses BD, avec encore l'aide de Vincent Paronnaud. Au départ, l'histoire de cet homme qui sur 8 jours, décide se laisser mourir (après que son violon chéri a été brisé) tout en se rappelant des souvenirs me flanquait des boutons ; dans l'esthétisme, je pensais à du Jeunet nappé de sirop d'érable avec son image trafiquée, flanquée de couleurs pétantes. Mais ensuite, je me suis laissé porter par 'l’histoire car c'est celle d'un homme qui est au fond passé à côté de sa vie, qui a rencontré la "mauvaise" femme et qui a raté son grand amour.
Joué par Mathieu Amalric, d'une grande justesse, l'action se passe dans l'Iran de 1958. On y retrouve aussi Maria De Medeiros, Eric Caravaca, Chiara Mastroianni; la très belle Golshifteh Farahani et un surprenant Edouard Baer qui, en plus d'être la voix off, joue aussi Azraël, l'ange de la mort (tout de noir vêtu et maquillé). On retrouvera aussi dans deux scènes Jamel Debbouze.
Le film utilise plusieurs techniques, comme de l'animation (noir & blanc et couleur, du même type de que Persépolis), du 16 mm, voire des scènes en noir et blanc pour ceux en flash-forward, avec Mathieu Amalric qui voit son propre enterrement.
Le principe du film est que sur ses 8 jours où il va mourir, il va revivre 8 souvenirs, allant de son enfance à son futur, du moment où sa mère lui servait son plat préféré, le poulet aux prunes, jusqu'aux retrouvailles manquées avec son grand amour.Si le film est assez balourd en effets, il révèle parfois une certaine émotion dans le regard désespéré de Mathieu Amalric. On rit aussi parfois avec les scènes en animation ou la parodie d'une sitcom américaine, mais c'est surtout une forme de tristesse qui prime.
Avec plus de simplicité, je pense que le film aurait pu être encore plus fort, mais on dirait que là, les réalisateurs ont voulu se gaver d'un gâteau sans doute un peu trop indigeste.