Pour épater les poules par Nolwenn Pamart

Charley Bowers n'a pas eu la fortune d'un Chaplin ou d'un Keaton. Redécouvert sur le tard, Egged on regorge pourtant de trouvailles visuelles et graphiques. Un inventeur fou appelé Bricolo découvre le moyen de rendre les œufs incassables. Il se rend chez sa cousine à la campagne pour expérimenter le projet. Celui-ci mis en place, il souhaite le présenter au syndicat des transporteurs d’œufs. Problème : tous les œufs disponibles ont été utilisés dans les phases de test. Commence alors une quête désespérée pour trouver du matériel d'expérience...

A un comique très slapstick s'ajoutent des moments d'absurde d'une poésie pure. La scène des œufs transportés dans le moteur de la voiture (je ne vous en dis pas plus, allez voir le film !) est une prouesse technique, une merveille visuelle et un vrai tour de passe-passe surréaliste.

Une seule chose est à déplorer : quel est ce choix de musique d'accompagnement ? Restauré par Lobster Films, le film est accompagné de violons grinçant façon production chorégraphique contemporaine. Si le choix aurait pu se tenir sur un film voulu oppressant, la musique colle vraiment mal au ton enjoué du film. J'avoue donc avoir mis la vidéo en muet (!) et lancé une playlist de ragtime - choix certes cliché, mais qui s'est révélé beaucoup plus adapté au contenu. En un mot, le choix de musique d'accompagnement est vraiment central pour la réception contemporaine d'un film aussi vieux et je pense que le muet serait beaucoup plus accessible si on ne s'évertuait pas à mettre des compositions contemporaines parfois hermétiques par-dessus.

Ce petit arrangement fait, j'ai beaucoup aimé ce film. J'ai éclaté de rire, j'ai été séduite par la poésie de l'ensemble, et j'ai eu envie de manger des œufs à la coque tout le lendemain.
En bref, carton plein.