J'attendais beaucoup de Peter Jackson. Maître de fiction.
Le réalisateur des œuvres de Tolkien a produit un documentaire honorable, aidé par la technologie et quelques idées de mise en scène.
Le film déroule la vie de quelques conscrits anglais depuis l'annonce de déclaration de guerre entre l’Angleterre et l’Allemagne et leur retour, vivants, après quelques mois ou années en France.
Ce qui est avant tout remarquable, ce sont les témoignages des participants au carnage. Ils racontent leurs états d'âme à chaque étape de descente dans l'horreur, étonnamment avec distanciation et parfois enthousiasme. Ils ne regrettent pas leur expérience.
Dommage par contre qu'ils soient restés uniquement des voix. Sans visage, sans nom.
La couleur amène plus de réalisme. Comme tout le monde sourit tout le temps au cameraman on découvre la variation impressionnante de garnitures dentaires colorées réelles ou reconstruites d'une époque oubliée avant les progrès des prothèses, des années après guerre. Ou alors c'est le coloriste qui s'est éclaté.
Globalement, l'ajout chromatique reste relativement anecdotique, le son rajouté çà et là aussi.
Etant donné que les reliques cinéma d'époques sont souvent des productions de propagandes de l'armée, les scènes sont rarement insoutenables et n'illustrent pas toujours ce que nous racontent les protagonistes. On est au début du cinéma et tout le monde regarde la caméra. Comme indiqué plus haut, voir dans l'indicible une hilarité constante laisse un sentiment étonnant. On a l'impression que la noirceur absolue de leur situation physique et morale, ne les empêche pas d'être en permanence en colonie de vacances. Puis on comprend que c'est la seule manière d'avancer jour après jour pendant de si longues périodes. De ne pas devenir fou. C'est ce que disent les voix fantômes.
En résumé c'est plutôt réussi, avec surtout cette mémorable construction chronologique basée sur des témoignages en voix off.