Voila un film que je n'avais pas spécialement envie de revoir. S'il n'y avait pas eu un morceau de Metallica qui porte le même nom et surtout s'il n'y avait pas eu le très bon roman éponyme d'Hemingway lu il y a pas mal de temps et donc un peu oublié. Je voulais me replonger dans l'atmosphère et retrouver les personnages. Autant dire de suite que le film n'a pas répondu à mes attentes. Il est vrai qu'il est filmé par Sam Wood, anti-communiste notoire.
L'objectif de la mission du héros est de détruire un pont dans la montagne dans le cadre du lancement d'une offensive républicaine pendant la guerre civile espagnole.
D'emblée on se retrouve avec des personnages secondaires caricaturaux qui donnent envie de fuir. A l'opposé du livre qui rend hommage aux républicains espagnols on nous impose un maquillage du vieil Anselmo (Vladimir Sokoloff), un personnage important dans le roman, qui le fait ressembler à Zaïus sorti tout droit de la Planète des singes. Pourquoi les maquillages de vieux sont-ils si ignobles ? Puis on a droit au maquillage du gras Pablo (Akim Tamiroff) qui lui donne l'aspect du Sergent Garcia. La mise en scène en fait un personnage d'ivrogne lâche et fourbe alors qu'il est beaucoup plus nuancé dans le roman (d'après mes souvenirs), souvent irrésolu mais parfois courageux. Les autres combattants républicains du groupe ressemblent à des bandits sortis d'un western spaghetti et leurs différences de caractères sont négligées. On a ainsi Rafael le gitan qui ressemble à tout sauf à un gitan et d'autres bavards impliqués dans des disputes internes et des problèmes avec le commandement qui n'intéressent personne.
Et puis côté positif il y a quand même le personnage de Pilar la femme du Sergent Garcia, aussi courageuse et digne que son mari est couard. Ce n'est pas si courant pour l'époque d'avoir un personnage de femme forte. Katina Paxinou a d'ailleurs raflé l'oscar du meilleur second rôle. Et pour couronner le camp républicain si je puis dire, il y a évidemment les deux stars parfaitement mises en valeur qui semblent l'objet essentiel des petits soins de la production. Gary Cooper, flegmatique et héroïque, impeccablement photographié dans le rôle de l'Américain Robert Jordan dit l'Ingles et Ingrid Bergman, dans le rôle de Maria, ou Petit chevreau, yeux de biche bien mis en lumière et sourire enjôleur. Elle porte une permanente coiffé-décoiffé de chez Jacques Dessanges pour nous rappeler qu'elle s'est faite tondre par les assassins de ses parents.
Il ne reste donc pour la postérité que le baiser des stars en gros plan Technicolor sur fond de clair de lune, et des décors de rochers, de pont et de ruisseau. Et la fin tragique où l'Ingles, sous la menace de la colonne de tanks franquistes, mine le pont, accompagné par Zaïus.
Autant le livre est une réflexion permanente sur la lutte pour la liberté, sur la camaraderie au combat, sur la mort acceptée au nom de l'idéal, sur les drames de la guerre civile, autant l'intérêt se dilue dans des péripéties bavardes certes fidèles au livre mais inutiles. Lisez donc plutôt le livre d'Hemingway!