La première scène est très prometteuse :
un long plan séquence débutant dans une chapelle ornée de fresques macabres et se terminant dans l’habitation contiguë que la caméra traverse jusqu’à une armoire où 2 enfants sont enfermés
. On revient ensuite à une réalité plus prosaïque (comme filmée par l’intermédiaire d’un smartphone) avec le repas de mariage de 2 hommes à Rome le 28 juin ; on y découvre, parmi les invités, Alessandro (Edoardo LEO), plombier et Arturo (Stefano ACCORSI), traducteur, en couple depuis 15 ans et dont les rapports commencent à se fissurer. Pendant la fête, arrivent Annamaria (Jasmine TRINCA) (vivant à Palestrina, ville du Latium à 33 km de Rome et où se trouve le sanctuaire dédié à la déesse Fortuna) et ses 2 enfants (Martina, 12 ans et Alessandro, 8 ans) qu’elle vient confier à son ami très proche Alessandro, le temps de passer des examens médicaux à l’hôpital. Il y a une part d’autobiographie dans le scénario
car le réalisateur a confié à Gloria PAGANINI, directrice d'Univerciné italien à Nantes, lors d’une visioconférence, qu’il avait envisagé d’accueillir les 2 jumeaux de son frère, décédé d’un cancer.
Il y a néanmoins deux histoires dans le film qui nuisent à son unité : d’une part, celle d’un couple qui s’éloigne, thème conventionnel, de nombreuses fois traité au cinéma [« Scènes de la vie conjugale » (1974) d’Ingmar Bergman ou « La chatte sur un toit brulant » (1958) de Richard Brooks] et d’autre part, le devenir des enfants qui vont rencontrer leur grand-mère Elena, vivant avec une domestique Léa, près de Palerme en Sicile, dans un immense château. Cette partie-là aurait dû être la plus intéressante mais les rapports mère-fille sont effleurés, seuls l’autoritarisme, l’égoïsme et la solitude d’Elena étant montrés sans trop d’explications sur son histoire familiale. D’où un sentiment de frustration à la fin du film qui est trop long (114 mn) de surcroit. Certes, les acteurs sont excellents (Jasmine Trinca a reçu le prix de la meilleure actrice à la 65e cérémonie des David di Donatello, même si ses 2 partenaires masculins le méritaient aussi) et les situations justes (
absence de dialogues dans le couple, renoncement à une carrière universitaire de la part d’Arturo, condescendance de la part de Léa qui considère que les homosexuels ont déjà des problèmes à gérer
) mais on reste plus proche d’un téléfilm.