Sergio Leone. Clint Eastwood. Ennio Morricone. Trois noms légendaires réunis sur une même affiche qui promettent d'avance de faire des étincelles, voir de tout faire péter.

A la fois premier western de Sergio Leone, mais aussi premier grand rôle pour Eastwood, le film était un pari risqué : transposer Yojimbo d'Akira Kurosawa dans un village en bordure du Mexique avec un budget plus que limité. Sans ses soucis financiers, Leone n'aurait d'ailleurs sans doute jamais prit Eastwood, en effet ce n'était ni plus ni moins que Henry Fonda (12 hommes en colère, Il était une fois dans l'Ouest) et James Coburn (La grande évasion, Il était une fois la révolution ) qui avaient initialement étés pressentis pour le rôle ! Cependant une grande complicité naquit entre le réalisateur et son comédien et malgré leur différence de langage, ils se comprirent très vite sans l'aide d'un interprète et élaborèrent ensemble un personnage devenu aujourd'hui culte : l'Homme sans nom. Individu à la barbe fournie et négligée envahissant un visage suant et fronçant les sourcils, le chapeau posé sur la tête et le poncho dissimulant plus d'un tour sous son tissu, sans oublier le cigarillo bien calé entre les mâchoires, le tout empreint d'un passé mystérieux et d'un caractère peu causant, ce cowboy cynique attiré par l'appât du gain et à la dégaine nonchalante tire pourtant plus vite que l'éclair.

Le pitch est simple mais annonceur de fusillades à tout rompre : Deux bandes rivales, les Baxter, trafiquants d'armes, et les Rojo, qui font de la contrebande d'alcool, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d'un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s'immisce entre les deux bandes. Proposant d'abord ses services aux Rojo, l'étranger va très vite tirer profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils Piripero.

C'est à partir de cette histoire que Leone fera exploser en un seul film tous les codes du western traditionnel pour en inaugurer un autre : le western spaghetti. Gros plans tendus et humides de sueur, violence, amoralité, et surtout la musique déjà magistrale de Morricone : passant du pas, au trot pour terminer en une explosion galopante rythmant l'action des scènes qui l'exigent, elle vaut à elle seule le détour. Qui n'a jamais entendu les airs d'harmonica cinglants de ce génie ?

Eastwood quant à lui est parfait : sorte de chimère à mi-chemin entre un ange apocalyptique et un aventurier solitaire, il se révèle être l'anti-héros par excellence et vampirise totalement la camera avec sa gueule rugueuse qui semble taillée dans la pierre, devenue aujourd'hui une icône à part entière de l'Amérique.

Per un pugno di dollari est un film à voir (où à revoir) car il est une pierre importante de l'édifice de l'histoire du cinéma. Certes, son intrigue et sa mise en scènes ont vieillit car réutilisées jusqu'à la corde depuis ce premier chef-d'oeuvre, principalement par Sergio Leone qui poursuivi sa trilogie du dollar dont ce film est le premier épisode. Mais il reste un classique et un indispensable, que l'on soit cinéphile aguerri ou amateur de bons moments fumants et fumeux.
TheMyopist
8

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le 9 juil. 2013

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