Quand on est mort, on ne sait pas qu’on est mort. C’est pour les autres que c’est difficile. Quand on est con, c’est pareil... Les pieds nickelés seraient-ils ressuscités ?
Pour ceux qui ne fréquenteraient pas assidûment le monde merveilleux des BD, Louis Forton voyait pour la première fois paraître le 04 juin 1908 dans "L'épatant" sa saga des "Pieds Nickelés", expression employée alors pour désigner des personnes peu enclines au travail, mais plongeant à pieds joints dans les mauvais coups.
Par extension, elle désignait aussi les amateurs de souliers vernis ou cirés à force, et particulièrement luisants, donc peu adaptés aux travaux salissants... On pourrait la comparer aussi à celle des "bras cassés" qui ne réussissent rien dans leur travail...
C'est immédiatement l'image qui m'est venue à l'esprit quand j'ai vu défiler le générique de ce film aussi prétentieux que raté : tant de monde pour en arriver à ça ?
Etait-il bien nécessaire aussi de tourner à Monaco ?
Voici l'histoire pas très tique (pathétique) pondue par les "Croquignol, Filochard, et Ribouldingue" qui, comme les enfants de Francis Bartek (Gérard Jugnot ) étaient tellement avides de dépenser le pognon de leur riche papa qu'ils en oubliaient même de penser à la manière dont celui-ci le gagnait ! Alors, il leur a fait le coup du mec ruiné, que la police recherche pour abus de biens sociaux : "Je ne mange plus de viande, je me déplace en vélo, je ne bois plus d’alcool. Devenu écolo ? Non je suis pauvre…"
Loin de moi l'idée de vouloir torpiller l’œuvre de Nicolas Cuche (1962/---) : il est courageux de toujours mettre la barre un peu plus haut quand on est autodidacte et qu'on a usé ses fonds de culotte dans les téléfilms plus ou moins réussis depuis 1993, dont tous ne sont pas si mauvais genre"Joséphine, ange gardien"... D'ailleurs TF1 co-produit ces "pourris" : un hasard ? Copinage ?
De là à vouloir régir à la fois le scénario et la réalisation d'un long métrage, n'était-ce pas présomptueux car tout, tout est raté dans ce récit et à commencer par l'histoire...
On hésite en permanence sur sa tendance : tout prête à un film comique et on ne se sent aucune empathie pour un quelconque de ces pieds nickelés : on passe complètement à côté de la tragédie dans laquelle Cuche voulait peut-être nous emmener.... "T'as une bonne histoire, tu fait un bon film" prônait Gabin : ben ici, Croquignol a loupé son coup ! ²Pendant les quarante premières minutes, il ne se passe rien ou pas grand-chose : on devine comment cette farce va se terminer et on s'ennuie ferme...
Comme si ça ne suffisait pas, Filochard (Swam Pham qui aurait dû s'occuper du casting dont le générique le désigne comme coupable) réussit la performance de rater complètement ses choix avec d'illustres inconnus ou presque ! Même Jugnot, star à l'affiche, et 70 ans quand même lors du tournage, semble se demander ce qu'il est venu faire là, et ne parvient pas à s'intégrer dans son costume assez mal défini ni nous mettre la moindre larmichette à l'oeil...
D'ailleurs, on a souvent envie de se marrer quand il semble vouloir faire la g... !
Les enfants jouent d'une manière pitoyable et n'arrangent rien à l'affaire ! Et ce n'est pas le fils de (Tom Leeb) qui rehausse le niveau général de cette historiette... Les gênes du talent ne sont pas automatiquement transmissibles et le rôle pas très porteur non plus... Un des acteurs renonce même à boutonner sa veste qui baille, comme nous d'ailleurs...
Enfin le Ribouldingue à la musique (enfin ce qui devrait en être) balancé au générique comme étant Alexandre Azaria, a dû lire sa partition musicale à l'envers ! Ou confondre tams-tams, boums-boums avec une symphonie... La bande musicale est à la manière de ces automobilistes,
futurs sourdingues, qui au volant de leur voiture vomissent leurs décibels de basses dans un rayon de cinq-cents mètres à la ronde... A se demander si le rocket-man a vu le film avant de composer ou après car le bruit apparaît toujours à contre-emploi. Ou est inutile : les grandes douleurs sont toujours muettes... En tout cas, ça ne contribuera pas au succès de cette histoire.
En vrac : mauvais cadrages, dialogues nuls, mauvaise distribution, aucun rythme, plans consternants, huis-clos à gogos, humour aux abonnés intermittents....
On en arriverait à souhaiter que Joséphine, ange-gardien, claque de ses deux doitgs pour faire un miracle mais cette famille Duraton n'arrive pas à intéresser : 442 901 spectateurs ont vu le naufrage lors de la sortie en salles...
TMC (1) le 22.11.2023-
(1) A la décharge du réalisateur, je reviendrai sur cette lutte que je reprends de feu Claude Sautet...
Le rythme n'est pas avantagé par les coupures du film que TMC chaîne mercantile, croit nous faire ingérer à coups de réclames aussi fétides que contre-productives. Interrompre un auteur dans sa création constitue une insulte à son travail.