Dix ans après avoir égratigné le monde des médias et de la télévision en premier lieu avec son excellent Network, le cinéaste Sidney Lumet revient à un sujet similaire, s'attaquant cette fois aux coulisses de la politique, et surtout de la folie médiatique accompagnant chaque élection.
Relégué au second plan dans la foisonnante carrière du réalisateur, Power, s'il est effectivement assez mineur, n'en reste pas moins intéressant, notamment dans sa description d'une course au pouvoir qu'il transforme en véritable cirque par le biais d'un ton satirique et pince-sans-rire plutôt efficace.
Le propos n'est peut-être pas neuf, même pour l'époque, mais Lumet parvient à mener son récit avec une certaine efficacité, évitant également de sombrer dans la caricature ou le manichéisme. Dommage que le scénario se voit inutilement gonflé avec une vague tentative de thriller tombant complètement à plat et semblant se pointer comme un cheveu sur la soupe.
Ancré dans une période bien précise (la première moitié des années 80), Power accuse pour le coup de sévères rides, multipliant les moustaches rutilantes (pauvre Richard Gere, pourtant pas mal du tout dans un rôle casse-gueule) et choucroutes inébranlables. On regrettera également que les seconds rôles soient affreusement sous-exploités, le casting comprenant quand même Julie Christie, Gene Hackman ou encore un Denzel Washington alors inconnu.
Loin d'être inoubliable, la faute principalement à un script mélangeant difficilement ses différents ingrédients et à un coup de vieux évident, Power mérite cependant le coup d'oeil pour son portrait au vitriol d'une sphère politique malléable au grès des modes et désormais indissociable de la petite lucarne.