Love on the beach

Praia do futuro est un film de plages. Son titre le suggère, sa narration le confirme. Avec ou sans eau, métaphores du temps fracturé par d'audacieuses ellipses, sonores ou érotiques, les plages de Karim Aïnouz composent l'enivrante et mystérieuse épopée d'un film au fil romanesque.

La double histoire d'amour de Donato, pour Konrad qu'il va suivre du Brésil à Berlin, pour Ayrton, jeune frère abandonné puis retrouvé, nous est narrée à l'échelle d'une plage immense arpentée constamment, le curseur variant de la proximité à l'éloignement, faisant entendre puis ne plus entendre, mais toujours voir, de près, de loin, laissant aussi le spectateur imaginer ce qui se cache derrière la ligne d'horizon.

C'est un film d'hommes entre eux. Le déracinement, l'acceptation de l'homosexualité, le deuil, l'amour fraternel, toutes les thématiques abordées le sont avec subtilité, au gré d'une mise en scène suggestive qui privilégie l'image et le langage des corps. On parle peu, on se regarde, on s'étreint, on se bat, on nage, on se noie. Puis on parcourt des kilomètres à moto, en train, en avion.

Composé de trois parties, Praia do futuro est un mouvement qui finit par nous prendre et nous envelopper. Le film nous parle dans ses silences et ses non-dits, et si l'on s'interroge sur le comportement de Donato, c'est aussi parce que sa fuite, sa peur et sa lâcheté résonnent en nous.

La dernière partie sublime toute la composition, reprenant un à un tous les thèmes narratifs pour les rejouer différemment. La puissante scène de retrouvailles entre Ayrton et Donato est bouleversante, toutes les séquences de fin sont magnifiques. Puis la version allemande d'Heroes vient planer sur le générique...

Praia do futuro fait partie de ces films qui vivent en nous bien après qu'on les ait vus. Cela tient à sa facture sensorielle et intime, comme inscrite dans la chair, une résonance charnelle.