Dans les années 80 on savait faire des films d'actions de grande qualité et avec une vraie mise en scène. Preuve en est avec Predator réalisé par McTiernan qui confirmera plus tard avec notamment Die Hard 1 et 3. Le film part d'une idée pourtant si simple, à la suite d'une mission un groupe de commandos se retrouvera traqué par un extra-terrestre débarqué sur Terre. Predator réunit tous les ingrédients que j'aime dans un film d'action: personnages badass, action fluide, histoire pas conne.
Techniquement c'est vraiment bien, l'attaque du camp fait un peu penser à du Peckinpah mais le McTiernan est quand même plus beau visuellement, notamment grâce à une photographie des plus agréables. Predator n'est pas un film bourrin, au contraire c'est assez calme mais la tension est palpable, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas un seul instant. Pas de besoin d'un montage épileptique pour maintenir l'attention, McTiernan y arrive très bien avec ses longs mouvements de caméra et ses cadrages étudiés. Le film prend la forme d'un survival, plein de suspense et d'originalité. Les personnages sont des gros bras, bien badass comme il faut et peuvent tuer une cinquantaine d'hommes sans avoir une égratignure en sortant du combat mais quand ils se retrouvent confrontés à une technologie supérieure en dépit de leur supériorité numérique, ils se trouvent eux-mêmes en situation de proies. C'est vraiment intelligent, McTiernan n'évite même pas les clichés, il les détourne juste de manière très efficace.
D'un point de vue scénaristique le film est vraiment très solide alors que sur le papier le synopsis paraît très faible. Mais McT montre bien qu'un film n'a pas forcément besoin de raconter grand chose pour briller, une bonne mise en scène et une construction narrative bien pensée suffisent. Le cadre de l'intrigue est bien choisi: une jungle, en plein jour. Ce lieu paraît oppressant, étouffant et on pourrait limite considérer ce film comme un huis-clos tant les issues semblent lointaines. Predator c'est aussi une manière d'illustrer d'une façon plus originale la part de bestialité de l'être humain. Pour survivre à la créature, devenir bête deviendrait presque primordial, l'instinct de survie reprend le dessus sur tout. Le film aurait très bien pu s'ouvrir sur cette citation reprise par Thompson (et a posteriori Terry Gilliam) dans Las Vegas Parano "Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme".
Le personnage de Dutch interprété par Schwarzenegger, archétype-même du héros de film d'action, se retrouvera démuni, obligé de devenir le monstre pour vaincre le monstre.
Clairement, Predator s'impose comme un des plus grands films d'action des années 80, voire de toute l'histoire du cinéma. Le mélange d'action virile et de réflexion passe crème pour nous offrir un authentique moment de cinéma, purement jouissif. Predator c'est un véritable régal, une pépite!