One ugly motherfucker, two ugly motherfuckers, three ugly motherfuckers...etc

C'est probablement le fait de voir à quel point les notes de ce film sont basses qui m'a poussé à reprendre, une fois n'est pas coutume, la plume. Et simplement pour raconter une petite anecdote. Celle de ma découverte de ce film.


J'avais 13 ans en 1990. Arrivé un poil en retard pour la séance, je décidai malgré tout d'entrer, à cette époque bénie où l'on diffusait un film par salle et où l'on pouvait rester le temps que l'on souhaitait, afin de tuer l'ennui, ou dans mon cas, de voir le début du film que j'avais loupé. J'avais 13 ans, donc, et j'étais un peu ce qu'on appelle communément une flipette, attiré par tout ce qui fichait la trouille, le fantastique, la SF, l'horreur, mais en même temps systématiquement frappé par un mal relativement répandu : la peur d'avoir peur.
En loupant le début, je n'avais pas saisi l'ambiance quasiment post apocalpytique, l'odeur Mad-Maxienne (premier du nom), la violence ambiante flirtant avec celle de Robocop posée dans la scène d'intro.
Je m'installe donc tranquillement, et au bout de quelques minutes, scène de sexe, et une bande de malfrats vaudous fait son entrée. Je ne sais pas si c'est le traumatisme de la scène de la sorcière dans Conan le Barbare ou si des réminiscences d'Indiana Jones et le Temple Maudit ont lancé d'inconscientes sonnettes d'alarmes, mais en voyant cette femme nue et ce mec en tenue d'Adam pendu au plafond, comme un réflexe de Pavlov, j'ai tenté d'appliquer la technique de mon enfance, dans le cinéclub d'Ars, à savoir me réfugier dans les toilettes pour regarder la scène du coin de l'oeil, au cas où elle s'avère traumatisante.
Et je me suis trompé de porte. je me suis retrouvé dans les couloirs eux aussi très post apo du cinéma Ariel de Metz, mes affaires coincées à l'intérieur de la salle, sur fond de hurlements et de bruits de balles. Le temps de faire le tour, de sortir, de revenir à l'entrée, d'expliquer mon cas, de revenir à ma place, la scène en question était finie.


Et pourtant, même sans ce tronçon de film que j'ai fantasmé et craint un temps avant d'oser m'y recoller (j'avais par contre patiemment attendu que le film se relance pour au moins pouvoir profiter de la scène d'ouverture), l'ambiance générale de ce film flirtant entre action hard-boiled, science-fiction, film noir m'avait malgré tout happé.


Alors pourquoi tant de haine, de mépris vis-à-vis de ce film ? Des attentes trahies par rapport au premier volet ? Le coté un poil daté du film ? Qu'est-ce qui fait que l'on soit passé et que l'on continue à passer à coté de ce film qui est bien plus qu'une suite loupée, mais une réelle relecture du mythe, une transposition dans la jungle urbaine ?


En le revoyant aujourd'hui, malgré quelques moments un peu lourds, des looks qui piquent un peu les yeux, j'ai eu l'excellente surprise de retrouver cette ambiance qui m'avait mis mal à l'aise à l'époque, purgée des réserves liées à mon manque de culture cinématographique. La violence extrême du film passe au dessus d'un gosse de 13 ans, mais frappe en pleine face un adulte avec un minimum de background cinématographique. Le crane d'une créature bien connue saute littéralement aux yeux à la fin du film, et l'ambiance du vaisseau, entre une antre que ne renieraient pas les Cenobytes de Clive Barker et un dédale organique potentiellement échappé d'un tableau de Giger frappe en plein coeur.


Alors reste cette question : pourquoi une note de merde sur SC ?!!


Ah, pas facile de passer après le Predator originel, à plus forte raison lorsque l'on a l'audace bien sentie de proposer non pas une repompe du premier, mais bien d'en pervertir les codes, tout en en approfondissant son univers.


Bref, tant pis pour ceux qui sont resté accroché au premier, ils sont passés à coté d'un film qui a plus à offrir qu'on pourrait le croire à première vue...

toma_uberwenig
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le 18 sept. 2019

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toma Uberwenig

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