Un Predator vaut mieux que deux tu l'auras...

Cette critique fait partie de la liste "Un film, des scénarios".
https://www.senscritique.com/liste/Un_film_des_scenarios/1510143

Le film/La critique:

Je ne m'étendrai pas longuement sur ce sinistre Predators, étant donné que je ne lui trouve aucune qualité. Bon, les SFX sont corrects, d'accord...Mais c'est tout!

Robert Rodriguez- après le succès inespéré de son Desperado- se voit offrir d'écrire un scénario pour un éventuel Predator 3.
Il rend sa copie le 2 Août 1996 (cette date est indiqué sur le "first draft", donc ce n'est pas 1994, comme dit sur Wikipédia et même IMDB) mais devant l'ampleur des effets spéciaux annoncés, la Fox renonce au projet.

C'est donc en 2009 que le studio le rappellera pour enfin relancer ce troisième épisode.
Rodriguez reprendra donc la trame générale de son script et confiera la nouvelle version au duo
Alex Litvak/Michael Finch, qui apporteront beaucoup de modifications et atténueront ainsi l'impact budgétaire des SFX.

Bref, ça donne un film voulant se rapprocher de l'original de 1987, mais ne ressemble en fait qu'à une pâle copie/remake du pauvre...

La galerie de personnages est stéréotypée (un Asiatique, un Latino, un Noir, un psychopathe, une femme et un héros) et par la même, inintéressante au possible.

La réalisation d'Antal est fonctionnelle mais jamais immersive.

En un mot comme en cent, je n'ai trouvé aucun intérêt à cet incident de parcours (et après, on critique Predator 2...non, vraiment!).

Reste plus qu'à espérer que le film de Shane Black redore le blason de cette franchise moribonde, mais là, j'ai aussi un gros doute...

Scénario non retenu, de Robert Rodriguez, basé sur les personnages crées par Jim & John Thomas.
(2 Août 1996).

Les personnages:

Dutch (eh oui!): ex-major et déserteur de l'U.S Army, déjà présent dans le film original,
Capitaine Wilson: leader d'un commando de l'Armée
Jack Carver aka JC: commandant taciturne
Hardwick: officier médical féminine (grade non précisé)
Dak: soldat impulsif (grade non précisé)
Knapper: soldat novice (grade non précisé)
"Cadillac" Gerard Seville: officier (grade non précisé)
Sadler: supérieur hiérarchique de Wilson (grade non précisé)

L'histoire:

Aux alentours des années 2000 (date non spécifiée, le seul élément étant la présence d'un Dutch raisonnablement âgé), un Galion pirate est attaqué par des êtres invisibles.
S'y trouve donc Dutch, qui est en fuite car déserteur. Celui-ci tue 6 de ces assaillants invisibles mais est capturé par le restant.
Les "Invisibles" deviennent visibles: ce sont des Predators...
...mais lorsque ceux-ci ôtent leurs casques...
...ce sont en fait des humains!

Dutch en reste baba (tout comme moi à la lecture de ça !), tandis que le Capitaine Wilson abat froidement le propriétaire du galion, pour dissimulation clandestine d'un déserteur de l'Armée, Dutch en l'occurrence.

Celui-ci est emmené dans le vaisseau-mère du commando, car en fait l'exploration et la conquête spatiale fait déjà partie du passé (dixit le script).

Il est donc jugé par un tribunal...vidéo et condamné à être exilé sur Arkus 6, un planétoïde quelque part...dans l'espace (puisque pas de localisation spécifiée, dans le script).

C'est le Capitaine Wilson et ses hommes, qui sont chargés de l'y emmener.

Une fois à destination, le vaisseau (sans nom spécifié) se pose sur l'aire d'atterrissage et tout le monde en descend.

Mais personne ne les accueillent et les bâtiments sont vides.
Sur le scanner, il est indiqué qu'un autre bâtiment semble se trouver à l'autre bout de la jungle.
Les militaires et leur prisonnier s'y rendent donc à pied.

Sur le chemin, ils tombent sur un totem étrange, surmonté de glyphes.
Puis ils continuent leur route, lorsque soudain, une créature émerge rapidement de la jungle et saute vers Pines.
Cadillac le dézingue, puis Hardwick l'examine: dotée d'une dentition acérée et de griffes tranchantes comme des rasoirs, elle autopsie la créature et découvre que celle-ci avait une portée.
Hardwick déclare que c'est un Pegasus, une créature très rare (où ? Dans l'espace ? Sur Terre ? A Honolulu ?)

Le groupe reprend alors la marche.

C'est alors que le scanner de Parish détecte des présences quelque part autour d'eux. Mais rien ne se passe, alors ils continuent...
...pour tomber sur une créature bipède crucifiée: c'est un Predator!

La troupe militaire est plus choquée par le fait que celui-ci porte le même armement qu'eux (NB: ils n'ont jamais eu connaissance de l'existence des Predators), soit la cuirasse, le casque et l'arme d'épaule.
L'assistant de Hardwick touche le Predator...
...qui n'est pas mort (ah, la bonne nouvelle) !
Dutch - qui est le seul à savoir à quoi il a à faire - se libère et s'enfuit dans la canopée.

Illico, les militaires se mettent à sa poursuite, Pines en tête...

Ledit Pines cours à fond mais stoppe soudainement.
Trois points lumineux rouge apparaissent sur son bras puis remonte vers son torse...
...bientôt rejoint par une multitude d'autres points.
Pines lèvent les yeux et aperçoit une vingtaine de Predators, dans les arbres en face de lui.

Les autres militaires entendent soudain un hurlement au-devant d'eux, là où Pines est censé se trouver!
Wilson et ses hommes arrivent bientôt sur les lieux: ils ne restent que les deux bras de Pines...
...et le scanner de Parish indique des mouvements en tout sens.

C'est alors que les Predators apparaissent de partout.
La troupe s'éparpille et court dans toutes les directions...
...en vain.
Ils sont tous rattrapés...
...et se réveillent dans des cages octogonales, en surplomb d'un camp de Predators où se trouve en son centre, une arène (de l'info ?) !

Les militaires sont donc encagés par deux et ont tout le loisir de profiter du spectacle:
Les autres cages contiennent d'autres créatures venues des quatre coins de l'univers.

Les arènes...ben c'est des arènes quoi!
Donc, y a lieu des combats entre espèces différentes: on y trouve des crabes-araignées, des sortes de mante-religieuses, des cafards géants (dixit le script)...

Hardwick réussit à découper les barreaux de sa cage, avec son scalpel laser (mais bien sûr) puis lance celui-ci vers son assistant Samson, enfermé dans une autre cage.
Celui-ci l'attrape en plein vol...
...et la seconde d'après, sa main est arraché par un tir de Predator.

Hardwick réussit à s'extirper de la cage et s'enfuit dans la jungle.
Elle n'a pu donc voir qu'un Predator à l'armure noire (appelé Black Predator dans le script, trop fort, non ?), l'a prise en chasse.

Pendant ce temps, un autre Predator ouvre la cage de Cadillac et le traîne à l'extérieur...

Hardwick court au travers de la jungle puis s'arrête pour reprendre son souffle...
...quand une main boueuse se plaque sur sa bouche et la tire à couvert.
C'est Dutch, qui a retenu les leçons de sa première rencontre avec le Chasseur extra-terrestre dans un excellent film appelé Predator...

Retour au camp des Predators.
Cadillac est ramené dans sa cage, après avoir vaincu la créature/cafard dans l'arène.
Après une discussion sur leurs avenirs incertains, les prisonniers scrutent le camp.
L'un d'eux pointe quelque chose du doigt: il s'agit d'une guillotine, avec son panier plein de têtes tranchées...
...où est amené Pines!
Celui-ci n'était donc pas mort, mais il n'a plus de bras (puisque ceux-ci avaient été découverts précédemment par ses compagnons. Suivez, que diable !)...
...et le voilà jeté négligemment vers la guillotine...
...puis après avoir été placé de manière adéquate...
...la lame est relâché et la tête de Pines rejoint les autres dans le panier.

A peine remis de ce spectacle, deux jeunes Predators (car plus petits, équivalents à des ados...) extirpent Buell et Knapper de leur cage.

Ceux-ci s'échappent en courant...
...pour le plus grands bonheur des deux Predators novices, qui partent à leur poursuite.

Les deux soldats seront vite rattrapés et tués...

Quelque part dans la jungle, Dutch et Hardwick - couverts sciemment de boue - tentent de rejoindre la plate-forme d'atterrissage.
Ils stoppent.
Dutch intime le silence absolu à la jeune femme.

Dans les arbres en face d'eux, se tient le Black Predator en mode invisible.
Sa vision thermique ne peut voir les deux humains, mais néanmoins, son arme d'épaule pivote dans leur direction et les trois points lumineux apparaissent...

Derrière les deux humains figés, un bruit. Une présence.
C'est une créature ayant pris l'apparence de l'écorce d'un arbre...
...et le triangle lumineux lui est destiné.
La seconde suivante, la créature mimétique se retrouve pulvérisé par le tir du Predator...
...qui repart dans les hauteurs.

Au camp des Predators, les prisonniers n'ont rien d'autre à faire que de regarder autour d'eux...
...lorsque l'un des jeunes Chasseurs réapparaît avec la tête de Buell, en guise de trophée.
Il est reçu par ses congénères, qui semblent approuver.

Dutch et Harwick arrivent au bâtiment d'accueil, mais le vaisseau qui les a amené ici, n'y est plus.

Ils retournent alors au camp des Predators, libèrent et les humains et les autres créatures emprisonnées, ça devient le foutoir total.

Ça tire de partout - humains comme Predators - puis ça court dans tous les sens...

Les humains réussissent à s'échapper dans la jungle, excepté Hardwick et Rocko, qui sont capturés par les Chasseurs.

Tandis que les deux humains capturés vont devoir s'affronter dans l'arène - histoire de... -, les autres parviennent enfin à la prison.
S'y trouvent tout plein de Predators qui s’entraînent ou surveillent, mais aussi des Cyclesled (sorte d'engin volant de petite taille, sans réelle description. Ça semble être des tri-places).

Les humains s'introduisent dans les bâtiments annexes et découvrent tout une flotte de vaisseaux spatiaux...
...dont le leur (c'te chance) !

Il y a aussi des mutants (humains dont certaines parties du corps ont été remplacés par des membres de créatures insectoïdes...) qui servent d'esclaves.
Ceux-ci chargent des cargaisons complètes d'armements Predators (on comprend maintenant pourquoi le commando humain possède ce genre d'articles) et le tout, orchestré par le supérieur direct de Wilson!

C'est donc une entente "Humano-Predatorienne", les uns fournissant des esclaves humains, les autres leurs technologies.

S'ensuit donc des joutes verbales prévisibles entre les protagoniste et antagonistes (où l'on y apprend entres autres que l'armée US a passé un accord avec les Predators), puis un affrontement entre ces derniers et les humains...

Dutch et JC s'en sortent (du côté des "gentils humains") et repartent vers la jungle . Dutch insiste pour retrouver le Predator crucifié.
Une fois fait, Dutch libère le Chasseur (appelé Renegade dans le script) désavoué qui fixe d'abord son libérateur avec suspicion puis monte dans le Cyclesled.
Dutch et JC l'y rejoignent et ils partent donc.
Tous les trois...
Comme des potes en virée...

Sont ensuite poursuivit par d'autres Predators dans leurs Cyclesled, ça tire, tout ça.
Bon...

Ailleurs dans la jungle, se trouve deux soldats.
Ils mangent du Predator (!!!), puis se font tuer par d'autres Predators, pas content.
Bon...

Pendant ce temps, le Capitaine Wilson a été capturé par Black Predator.
Tous deux vont se battre devant une foule de spectateurs Predators...
...mais ils doivent attendre la venue...
...du King Predator!

Une fois celui-ci arrivé et célébré comme il se doit, vient la scène du sacre des Predators novices. Une fois ceux-ci adoubés, arrivent Dutch et JC...
...enchainés et escortés par des gardes Predators. Ils ont donc été capturés, mais pas Renegade (parce que sinon le film il est fini).

Une fois les deux prisonniers présentés au King, JC - au moyen d'un collier traducteur, type Ordinathan) - discute avec le monarque.
Il livre en fait Dutch!

Devant la surprise de ce dernier, JC lui explique que c'était nécessaire car le King voulait voir celui qui avait vaincu l'un des siens...
...en 1987 sur Terre !

JC lui apprend aussi que celui-ci va devoir faire un nouveau combat...
...lorsque le King jette une lance...
...au pied de JC et une autre à ceux de Dutch!

JC pensait être un allié précieux du King, mais il n'en est rien!

Dutch est tout sourire...

Le duel commence et forcément, JC est le grand perdant.

Dutch arrache le traducteur du corps de JC et se tourne alors vers le King.
Il le défie...

Le King se sent humilié et la foule est en colère.

Ça risque de barder pour Dutch...
...mais soudain, des tirs frappent les spectateurs Predators. C'est Renegade dans un vaisseau!
Dutch réussit à s'agripper à la porte de la soute, mais le King s'accroche à sa cheville.

Dutch se maintient comme il peut et réussit à atteindre un fusil Predator et tire dans la tête du King, qui chute dans les airs.

La porte de la soute se referme tandis que le vaisseau s'élève dans l'espace.
Dutch rejoint Renegade dans le cockpit et lui indique sa nouvelle destination: la Terre.

Là-bas, quelques personnes vont devoir payer...

La critique:

Officiellement, Predators ne crédite pas Rodriguez comme le créateur de cette histoire. Pourtant, force est de constater que l'on retrouve quand même nombres de similitudes entre ce script datant de 1996 et celui du film de 2010.

En vrac, on remarquera la jungle d'une autre planète, le totem, le Predator crucifié, les combats inter-espèces pour améliorer les compétences des Predators novices et l'alliance entre Renegade et le héros.

Après, tout le reste a été jeté et d'autres arcs narratifs rajoutés.

Revenons-en au script de Rodriguez: comment dire...
Ben, c'est pas plus mauvais que le script final mais ce n'est pas meilleur non plus...

Le fait de faire revenir Dutch est une bonne idée en soi, mais encore faut-il que le reste suive.
Et c'est loin d'être le cas!

D'abord, le cadre futuriste est complètement à côté de la plaque!
En effet, comment en moins de 20 ans, expliquer les multiples conquêtes spatiales, la création de vaisseaux pouvant aller aux confins de l'Univers..?
Techniquement et scientifiquement impossible ! Même en tentant d'expliquer que les Predators nous ont offert leurs technologies, comment l'industrie Terrienne a t-elle pu concevoir leurs propres flottes intersidérales (militaires autant que privées, puisque le début du script nous parle d'un vaisseau spatial en forme de galion espagnol appartenant à un passeur/contrebandier)???

Bref, passons outre...

Mais que dire du traitement réservé aux Predators?
Dans les deux films originaux (1987 et 1990), les Predators sont représentés comme étant des créatures ayant un sens de l'honneur certain, sont iconiques à mort et les non-dits sur leurs modes de vies apportent une couche de mystère bienvenu.

Ici, on a droit à des Predators simplement fervents amateurs de combats, comme de vulgaires humains au temps des Romains.
Dans ce script, ils hurlent leurs joies quand l'un des leurs est vainqueurs, mais si ce n'est pas le cas, ils sont mécontents et deviennent mutiques...puis tuent le vainqueur!
Le code d'honneur? Quelque part dans un endroit sombre et étroit...

Les persos humains ne sont guère mieux lotis: on y trouve du héros en barre (Dutch, donc), une scientifique (Hardwick), des traitres (Sadler et JC, forcément haut-placés), des idiots congénitaux (Cadillac, Dak)...

Ce script ne fait que des allers-retours entre trois lieux distincts: le camp de Predators, la prison et la jungle (qui relie en fait les deux précédents).

On y court donc dans la jungle, on se fait capturer, et hop dans le camp Predator on s'évade dans la jungle, on se refait capturer et retour au camp, on s'évade, on arrive à la prison, on repart dans la jungle...pour finir dans le camp Predator!

Un peu comme un jeu de plate-forme, quoi!

Alors oui, Rodriguez explique que son titre (PredatorS) se réfère à AlienS et que donc, on comprend la multiplication desdits Predators...

Mais là où ça fonctionne avec plein d'Aliens (car agissant comme une seule Entité), ça ne le fait pas avec ces Predators (individualistes, crétins et revanchards), du moins dans ce script.

Bref, ce Predator 3/Predators est une mauvaise blague (Rodriguez clamant être un fan du Chasseur E.T) et dans son script original et dans sa mouture finale.
Sans compter le bestiaire se référant bêtement à celui de la Terre (mante-religieuses, cafards, scolopendres...), un manque flagrant d'imagination...

Note du film: 1/10
Note du script non filmé: 3/10