Documentaire touchant et d'une grande justesse permise par une caméra qui semble disparaître au fur et à mesure des témoignages. L'émotion des regards est vive, incandescente.
On découvre des jeunes, et plus tout à fait jeunes, parler de leur sexualité, de la découverte de leur corps, de celui des autres, des codes qui évoluent avec le temps mais dont la puissance normative, presque didactique, perdure.
Des différents témoignages ressortent un constat assez poignant et perturbant : pour aucun.e de ces jeunes, la découverte de leur sexualité n'a été une partie de plaisir. Plutôt une étape, une obligation, une violence que l'on se fait pour avancer. Il y a là beaucoup de dépit qui résonne en moi : est-ce un biais de sélection ? Un parti pris de la réalisatrice ? Car il doit - je ne peux l'imaginer autrement - avoir des récits heureux, bienveillants, soucieux, plaisants. De même que la réflexivité dont font preuve les personnes interrogées n'est peut-être pas tout à fait une réalité chez tous les jeunes.
Le documentaire aborde enfin la question épineuse du consentement, et de la zone grise : "si je ne sais pas", qu'est ce qu'on en fait ? Qu'en fait mon partenaire ? Laissons conclure une des témoins de ce film documentaire, sur l'importance de l'incertitude, du doute, de l'hésitation dans tous les aspects de nos vie. Pour préserver ce doute dans nos sexualités, comme base de partage, de respect, de confiance, une prise de conscience est plus que nécessaire (cf. déconnexion des adultes sur ce que vivent les jeunes aujourd'hui, pris dans des tourbillons numériques) et il faut parler parler parler, toujours plus, pour faire péter ce qui reste bien trop tabou.