Premam narre sur une quinzaine d’années la quête amoureuse de Georges, de ses premiers émois d’adolescent à l’âge adulte.
Ce film, à la tonalité particulière, pourrait être le journal sentimental de son héros. La chronique de ses espoirs, de ses illusions, de ses déboires, rythmée par le battement récurrent des ailes de papillons. La narration est tout à la fois lente et légère, fluide et saccadée à l’unisson du tempo des coups de cœur de Georges. Le récit s’attarde sur une histoire fantasmée ou avortée avant qu’un bond chronologique ne mène à la suivante. Avec cette nouvelle page sentimentale, c’est également un nouvel âge de Georges qui se dévoile. Le cycle des lépidoptères marque celui des élans du cœur de Georges mais en filigrane c’est aussi celui de sa vie. Il y a du Antoine Doinel chez Georges et un parfum de nouvelle vague chez Puthren dont le film distille une délicate langueur hypnotique. Pas d’éclat, de passion tumultueuse, de fracas romanesque simplement le fil d’une vie ordinaire. Pas d’amour sublimé, de rencontre prédestinée mais un cheminement, une construction paisible aux antipodes des amours cinématographiques dont le cinéma indien est si friand. Et c’est bien là l’un des charmes de ce film, cette maturité des sentiments, cette osmose avec la vie ordinaire qu’il est si délicat de mettre en images.
Premam laisse le spectateur sur une impression étrange, où sont passées les quelques deux heures ? Il y a à la fois une sensation de vacuité et le ressenti d’un souffle. Était-ce bien un film ou le déroulé d’une tranche de vie ? Un second visionnage serait probablement nécessaire pour trancher entre vide et interstices de l’existence mais l’idée même résonne comme une mise en abyme.